Sélectionner une page

Management d’un nouveau modèle économique

vendredi 12 février 2016

Management d’un nouveau modèle économique : Mise en perspective !

CHANGEMENTManagement d’un nouveau modèle économique : La croissance est morte, vive la croissance !

En économie comme ailleurs, un paradigme est un système de croyances et de postulats qui créent une vision du monde intégrée et unifiée. Cette vision est si convaincante et impérieuse qu’on finit par la confondre avec la réalité même. Le paradigme de l’économie moderne était en l’occurrence fondé sur l’industrialisation, la mondialisation et la financiarisation de la fameuse croissance. Rien n’était trop grand et rien n’était trop cher pour la fabriquer et l’entretenir. Le problème est que tout passe, tout lasse, tout casse. Toute vision économique arrive donc à son niveau de saturation. Pour s’en convaincre, un simple raisonnement de bon sens suffit. En effet, pouvoir d’achat oblige, pour que les consommateurs consomment, il faudrait augmenter les salaires. Mais compétitivité oblige, pour que les travailleurs travaillent, il faudrait baisser les salaires. Or consommateurs = travailleurs donc pour fabriquer de la croissance, il faudrait à la fois baisser et augmenter les salaires ! A l’évidence, notre paradigme économique devient une impasse que nous devrons dépasser et transcender pour inventer autre chose. Dit autrement, toujours plus de croissance est devenu économiquement impossible par deux forces déflationnistes : la réduction de la demande due à la baisse des salaires réels et la hausse de l’offre due à des surcapacités de production. Une autre croissance, plus qualitative et plus immatérielle (donc moins quantitative et moins matérielle), reste à inventer.

Management d’un nouveau modèle économique : les 2 scénarios de base pour demain

Pour amorcer un nouveau raisonnement économique, constatons déjà que la financiarisation de l’économie a posé le problème crucial de l’avenir des travailleurs et donc de l’avenir de la consommation avec deux scénarii de base pour l’avenir : ou bien la finance a déjà trop étouffée l’économie réelle avec un saccage et une dérégulation irréversibles ou bien cette dérégulation, quoique terrible, est encore au moins partiellement réversible. Dans les deux cas, un autre type de croissance est à inventer. Seul l’impératif de rapidité et d’intensité change. Ceux qui disent que l’histoire de l’économie est une succession de cycles entrecoupés et ponctués de dérégulations et d’effondrements ont parfaitement raison. Ce qu’ils oublient de dire, c’est que la cause et la cible numéro un de la présente rupture est une grande illusion. Cette illusion consiste à croire que quand le garde-manger se vide (le travail disparait) et que le nombre de convives augmentent (ceux qui en cherchent sont de plus en plus nombreux), la part de chacun ne peut pas augmenter (offres d’emploi et salaires en hausse). C’est pour rompre avec cette grande illusion que nous devrons nécessairement changer de paradigme économique.

VALUEManagement d’un nouveau modèle économique : les ruptures de logique à venir

L’analyse des scénarii possibles démontrent clairement que les seules croissances possibles dans les années à venir seront une croissance qualitative (moins mais mieux) et une croissance immatériel (moins de biens mais plus de liens). Ajoutons que ces deux nouvelles croissances sont les seules à être compatibles avec les défis écologiques, climatiques et démographiques à venir si on ne veut pas piller à jamais ce qui nous nourrit : notre Terre. Ainsi posé, le management d’un nouveau modèle économique émergera des ruptures de logique suivantes :

  • Le passage d’une économie industrielle de masse à une économie néo-artisanale de niche
  • Le passage d’une logique d’abondance (toujours plus) à une logique de frugalité (moins mais mieux)
  • Le passage d’une logique de prix (combien ça coute ?) à une logique de valeur (à quoi ça sert ?).
  • Le passage d’une logique de productivité (vendre son temps) à une logique de virtuosité (vendre ce que l’on fait de son temps).
  • Le passage d’une logique des modalités (comment faire pour faire plus ?) à une logique des finalités (pour quoi faire mieux ?)
  • Le passage d’une logique de l’avoir et du paraitre (être les meilleurs du monde) à une logique de l’être et du devenir (être meilleurs pour le monde)

Management d’un nouveau modèle économique : une nouvelle loi de l’offre et de la demande ?

Le fil rouge des différentes ruptures de logique énumérées ci-dessus est bien évidemment le passage d’une logique quantitative à une logique qualitative. Pour devenir effective, ce changement de logique doit s’accompagner d’un changement de loi entre l’offre et la demande. Pour anticiper ce changement, partons du principe que quand on consomme toujours plus (principe de la croissance quantitative), l’offre et la demande s’ajustent par le prix des choses alors que quand on consomme moins mais mieux (principe de la croissance qualitative), l’offre et la demande s’ajustent par la valeur des choses. Cette observation explique qu’en période de mutation économique (comme celle que nous vivons actuellement), prix et valeur peuvent divorcer et changer le paradigme économique. Quand nous consommerons moins (et c’est inéluctable), la quête d’une plus grande valeur d’usage (à quoi ça sert ?) remplacera l’affligeante obsession de la valeur d’échange (Combien ça coute ?). Cette quête de valeur fera que ce n’est plus le fabricant qui vendra mais l’acheteur qui cherchera, demandera et exigera ce qu’il veut sans se laisser intoxiquer par ce qu’il y a. Toutes les techniques de production et de commercialisation seront bouleversées par cette salutaire sélectivité et frugalité.

Management d’un nouveau modèle économique : V = I x P ?

Créer de la valeur plus qu’un prix sera donc le moteur de la transition économique à venir. Pour réaliser cette transition, posons une équation simple : V = I x P (dans laquelle V est la Valeur, I l’Implication et P le Prix).mpm Ainsi, notre implication devient ce facteur multiplicatif capable de conférer à un prix donné un maximum de valeur. Evidemment ceci s’explique. En effet, notre implication permet, à travail égal, de réduire le temps nécessaire à ce travail en décuplant notre énergie et notre volonté. A intelligence égale, notre implication permet aussi de réduire les investissements nécessaires en décuplant notre créativité. Enfin, à ressources égales, notre implication nous permet de faire plus avec moins. En réduisant le temps nécessaire, en diminuant les investissements nécessaires et en permettant de faire plus avec moins, notre implication est au cœur des trois mécanismes conférant à un prix donné une valeur maximale.

Management d’un nouveau modèle économique : Les 3 moteurs de notre implication

Pour maximiser notre implication donc la valeur de chaque bien ou service produit, le management des entreprises de demain se dotera de 3 moteurs plus ou moins puissants

  1. L’intention collective : C’est le moteur de la valeur éthique de l’organisation. En agissant comme un guide, elle définira ce qui, à chaque décision à prendre, lui fera choisir telle direction plutôt que telle autre. La puissance de ce moteur sera proportionnelle à la noblesse, à la profondeur, à la clarté et à la différenciation des décisions prises.
  2. La virtuosité : C’est le moteur de la valeur opérationnelle de l’organisation. Cette virtuosité permet à l’organisation de faire avec aisance ce que les concurrents font avec difficultés. C’est bien évidemment ce supplément de talent qui génèrera un supplément de valeur aux yeux du marché.
  3. La mémoire : C’est le moteur de la valeur holistique de l’organisation. Cette mémoire est indispensable en effet pour que l’organisation se rappelle d’où elle vient et ce qu’elle incarne. Telle une plante qui pousse, la puissance de ce moteur sera proportionnelle à sa capacité de profiter d’un enracinement profond (une intention collective profonde) pour continuer à croitre avec solidité (une profonde volonté) sans ne se renier ni se perdre.

Management d’un nouveau modèle économique : mise en perspectiveOEUF MPM

Nous ne vivons pas une crise économique mais une mutation de la logique économique. Une logique de valeur va progressivement prendre le pas sur une logique des prix. Ce passage sera finalement la conséquence de notre implication collective et individuelle pour faire émerger un nouveau modèle économique, un modèle moins aguichant mais plus impliquant, un modèle aussi moins envahissant mais plus intégrant. Ce modèle nous réunira, soit en tant que producteur soit en tant que consommateur, plus par passion ou vocation pour telle ou telle valeur que par simple raison ou capitulation par rapport à un prix donné.

Articles conseillés

Quelques lignes de bonheur pour les managers en 2023 et après

C’est un fait, les managers les plus impactants passent plus de temps sur le pour-quoi (finalité ou causalité des choses) que sur le comment (modalités des process ou autres). Cela signe la quête de #sens dont toute motivation se nourrit. Alors pour aimer son job de...

Quelle promesse pour la société de demain ? Business case pour la campagne présidentielle !

Notre recherche de liberté se retrouve (provisoirement) dans une impasse ! Depuis la chute du mur de Berlin, un vent de (soi-disant) liberté souffle sur le monde et ce vent est incarné par le marché d’une part (la liberté économique) et la démocratie d’autre part (la...

Management des organisations : Regard critique sur l’engagement des équipes

En management comme ailleurs, le confort endort ! On le sait tous, le confort est un matelas sur lequel on s’endort alors que la contrainte est souvent  un ressort sur lequel on rebondit. Cette réalité explique que l'intelligence collective s'exprime surtout face aux...

Management, planification et synchronisation : La valse à 3 temps

Plus un système devient complexe et moins il devient prédictible dans le temps. C’est le point commun entre la météo (le temps est de plus en plus incertain) et le management des organisations (prévoir ce qui va se passer dans le temps est de plus en plus difficile)....

Sociologie : Quelques exemples d’évolution des valeurs sociétales

De l’unité à l’unicité : le management de nos vies change de finalité Dans la société, comme dans les entreprises, le polythéisme des valeurs est de plus en plus patent. A l’unité d’hier se substitue en tout et partout l’unicité. Dit autrement, les blocs homogènes se...

Et si nous acceptions enfin l’incertitude !

Nous vivons dans un monde CIA - Complexe, Incertain et Ambigu et c’est pour cela que notre niveau de maitrise devient très relatif. Cette incertitude peut aller jusqu’à la peur : La peur de manquer, la peur de l’étranger, la peur du déclassement, la peur de...

Vers un changement de paradigme des compétences

      Le management des compétences navigue aujourd’hui entre tension et crispation. Le rêve de toute organisation dans une période de changements est de voir une vraie rupture dans la façon de faire et dans la façon d’être de ses collaborateurs. Ce...

Comment bien vieillir malgré tout?

Comment bien vieillir malgré tout ? Regard décalé sur une certaine Sagesse*. Mieux vaut être en travaux plutôt qu’un produit fini ! Voilà une bonne résolution pour bien vieillir. La caractéristique de ce qui est vivant est de se transformer. Le parti pris de la...

Parfums d’été

Parfums d’été Le management, au fond, c’est réaliser des choses extraordinaires à partir de choses ordinaires grâce à des managers à la fois vrais et hors normes. Six parfums composent l’alchimie de ce type de leadership : un parfum de noblesse dans l’intention, un...

Chef, digitalise-moi

Chef, digitalise-moi ! L’Homme est devenu le maillon faible de son espace-temps Le digital est une révolution technologique et un tsunami managérial. Pour la première fois de son histoire, l’homme est en effet devenu le maillon faible de son espace-temps. Ce n’est...

Management des organisations : Réflexion de fond sur le pilotage de la performance

Management des organisations : Réflexion de fond sur le pilotage de la performance En management, comme ailleurs, le problème n'est pas de piloter l’activité à l’aide d’indicateurs clés ou de révolutions technologiques X ou Y. Le vrai problème est de savoir si les...

Peut-on (encore) faire confiance au progrès technologique ?

Peut-on (encore) faire confiance au progrès technologique ? Ce début de XXI siècle est décidément un mélange très tumultueux entre des promesses de progrès inimaginables au XX siècle et des stigmates très persistants du « vieux monde » comme disent certains....

Le management peut-il réinventer l’espace-temps du travail ?

Lieux et liens au travail sont très cloisonnés. Le contrat de travail prévoit un lieu de travail précis mais ne prévoit aucun lien précis entre les personnes sauf des liens hiérarchiques. Le management peut-il réinventer le temps et l’espace économique ?

Dé-chainez-vous !

Dé-chainez-vous, cela fait un bien fou ! La liberté, çà ne se donne pas, ça se gagne… On ne naît pas libre, on n'est pas libre, on le devient et le chemin pour le devenir passe par un difficile et long travail intérieur à mener sur trois voies parallèles : la clarté...

le grand virage des managers

Pourquoi avons-nous besoin de nouveaux managers dans le paradigme en devenir ? La finalité d'une entreprise n'est ni de créer de l'emploi, ni d'enrichir ses actionnaires. La finalité d'une entreprise est de créer de la valeur d'usage et d'enrichir ses savoir-faire....

Management des organisations : Il est temps d’être « politiquement incorrect » !

Management des organisations : Il est temps d’être « politiquement incorrect » ! Technologiquement, on a déjà inventé l’entreprise de demain. Tout le monde peut s’en apercevoir pour le pire et le meilleur. En revanche, humainement parlant, on peine à trouver de...

Sérendipité ou l’art d’avoir de la chance

Sérendipité ou comment saisir les opportunités dans un monde devenu imprévisible ? La sérendipité est un mot à l’histoire singulière. Sur le plan phonétique, il n’a ni le charme ni l’usage commun de son homologue anglais (serendipity). Le sens le plus profond de ce...

Place de l’intuition dans le management des entreprises en période d’incertitude

"Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas". Cette célèbre citation signifie-t-elle un abandon de la raison, une incitation à une irrationalité ou encore plaide-elle pour un antirationalisme ? Non pas tout du tout. Il ne s'agit pas de cela. Il s'agit juste de...

La FéminiTé, une parfaite illustration des années en Té…qui nous attendent

Chacun le constate au quotidien : Le monde devient turbulent, effervescent voire violent. Nous vivons, irrésistiblement et irréversiblement, le passage d’un monde à un autre. Nous vivons aussi, plus ou moins douloureusement, le passage d’une logique à une autre avec à...

Les big data de la motivation

Big data de la motivation La motivation : un bien précieux en période de saturation La plupart des entreprises et des organisations sont confrontées à  un changement de modèle économique. A ces profonds changements, potentiellement déstabilisants pour les...

MPM TV