La frugalité collaborative : moteur de l’économie de demain ?
La frugalité est ni une utopie ni une idéologie mais une nécessité !
80% des ressources naturelles non renouvelables de la Terre ont été consommées en moins d’un siècle ! La logique de l’économie de masse, basée sur l’hyperconsommation de ressources matérielles bon marché, est donc condamnée. Pour fabriquer la croissance de demain, la frugalité collaborative s’imposera d’elle même ! Devant de telles réalités, les objectifs de performance et de rentabilité des entreprises doivent à l’évidence être redéfinis pour redonner un avenir à l’activité humaine. Une nouvelle ère économique va s’ouvrir : celle d’une cohabitation entre une croissance de la qualité et une décroissance des quantités. Cette cohabitation nous apprendra à faire, en tout et partout, plus avec moins ! Cette nouvelle économie redéfinira les liens existant entre quantité et qualité et les business modèles de demain construiront de nouvelles passerelles entre ces deux notions par essence très différentes.
Hier c’était « Bigger is better ». Demain ce sera « Smaller but smarter »
Le secret de l’économie industrielle était une qualité d’exécution étalonnée sur la quantité de production. Plus on avait de ressources financières, matérielles et humaines et plus l’impact était fort ! Bigger was better ! Le secret de la logique néo-artisanale sera bien diffèrent. La qualité d’exécution sera en effet étalonnée sur la quantité de ressources consommables économisées. Smaller will be smarter ! Moins de matière première et plus de matière grise ou plus de talent et moins d’argent ! Voilà deux des futurs leviers pour faire plus avec moins !
Au revoir l’abondance pour tous, bonjour la frugalité collaborative !
La nouvelle ère économique qui s’ouvre devant nous sera caractérisée par une logique de pénurie en particulier une pénurie de moyens et de ressources matériels. Au revoir l’abondance, bonjour la Frugalité ! Tout le monde devra augmenter son niveau d’autonomie dans tous les sens du terme. En pratique, chacun devra s’entrainer à faire beaucoup plus avec beaucoup moins. Cet art de la frugalité fera émerger beaucoup de jouissance pour toutes celles et tous ceux qui réussiront à faire beaucoup avec peu avec à la clé un sentiment d’utilité très réconfortant et très énergisant. Faire plus avec moins est une forme parmi d’autre de « sacralisation » car cet art de la frugalité va devenir tout simplement vital pour notre survie et notre valeur ajoutée en tant que citoyen, salarié ou chef d’entreprise.
L’art de la frugalité collaborative : une compétence très recherchée dans les entreprises de demain
A l’évidence, l’apprentissage de la frugalité sera une des passerelles entre l’économie d’hier et celle de demain. La croissance en quantité voulue par la logique industrielle doit donc céder d’urgence la place à une croissance qualitative avec l’émergence d’une économie néo-artisanale. Cette nécessaire mutation doit nous apprendre à distinguer ressources et capacités.
Moins de ressources = Plus de capacités
Pour la plupart des managers baignés dans le modèle industriel, ces deux termes sont presque synonymes. Ils cachent pourtant deux notions bien différentes. En effet, les ressources s’achètent, se copient, ou se volent, d’où la croyance (vrai seulement en apparence) qu’avec la même quantité de ressources on arrive au même résultat, au même objectif (c’est le fameux benchmark). Contrairement aux ressources, les capacités sont des notions beaucoup moins marchandes. Le talent, l’intelligence, la culture ou encore l’intuition s’achètent, se copient ou se volent beaucoup plus difficilement que les ressources. Acheter une ressource c’est facile. Acheter une capacité est soit difficile soit très cher ! De plus, la répartition des capacités est contrairement à la répartition des ressources très inégalitaire. Il est très facile de repartir une quantité de façon égalitaire. Il est très difficile, voire impossible, de repartir une qualité de façon égalitaire ! Cette inadéquation entre ressources et capacités mettra fin au fameux benchmark de l’ère industrielle.
L’économie industrielle fut une bataille de ressources. L’économie néo-artisanale sera la bataille des capacités
Le modèle économique industriel qui se meurt sous nos yeux était un modèle économique essentiellement basé sur les ressources. Le modèle économique néo-artisanale qui émerge sera un modèle basé sur les capacités. Chacun peut maintenant anticiper les profonds changements que ce changement de paradigme induira…et la claque qu’il affligera à des notions aussi niaise que le benchmark ! Pour réaliser un projet quelconque, il faudra toujours détenir à la fois des ressources (matérielles) et des capacités (immatérielles) mais c’est l’importance relative de ces deux ressorts de la compétitivité qui va redistribuer les cartes dans les années à venir. Anticipons que dans la logique néo-artisanale qui émerge, la cohérence des capacités prime sur la puissance des ressources !
Une révolution par l’exemple : le business model de demain ?
Quatre logiques aideront les organisations à réinventer leur business model, leur compétitivité, leur rentabilité et leur niveau de performance pour faire face aux contraintes de l’économie de demain :
- Une logique fonctionnelle de frugalité, de simplicité et de sobriété, qui consiste à faire beaucoup mieux avec beaucoup moins.
- Une logique économique ne visant ni la croissance ni la taille, mais visant la valeur d’usage des produits, des services et des compétences
- Une logique opérationnelle de développement permanent des capacités pour économiser des ressources.
- Une logique existentielle basée sur l’être et le devenir plutôt que sur l’avoir et le paraitre !
Cette mutation vitale ne viendra pas du « haut ». Elle est du ressort et de la responsabilité de chacun à son niveau. Une révolution par l’exemple, en somme !