L´intention collective : futur moteur des organisations postmodernes ?
L´intention collective redonnera le sens du sacré et du vital aux organisations postmodernes
Les organisations postmodernes travailleront de plus en plus en réseau voir en tribu au service de projets très engagés et de valeurs fortes. Le vrai patron à l´ère postmoderne c´est le projet et les valeurs, tout le reste n´est que bavardage. Frugalité oblige, ce projet, ce sera fromage ou dessert, beurre ou argent du beurre mais pas les deux !!! Cet art de la frugalité fera émerger à nouveau le sens du sacré et du vital. Cet art de la frugalité n´a rien à voir avec l´art du sacrifice, car le sacrifice est souvent subi alors que la frugalité sera choisie.
Pour passer un vrai pacte avec sa tribu, le manager postmoderne devra se familiariser avec la notion d´intention collective. La notion d’intention collective peut s’identifier à la notion de « projet de tribu », mais pas à celle d’objectif. En effet, il faut être bien clair que les objectifs ne sont qu’une traduction technique, managériale et circonstancielle de l’intention collective qui, elle, doit être posée en amont du choix de l’objectif. Un objectif ne s’atteint que si on a l’intention de l’atteindre !
L´intention collective c´est l´âme et la raison d´être de l´organisation postmoderne
L’intention collective c’est la raison d’être de la tribu. L’intention collective, c’est l’âme et la raison d’être de la tribu. Elle spécifie, en somme, le « pourquoi » on est là entre nous aujourd’hui. En terme symbolique, on peut parler de la « cathédrale » à construire. On peut aussi se référer à une image plus laïque comme le pont à construire, la montagne à gravir ou le trois-mâts à imaginer. Peu importe l´image, pourvu que cette intention collective dénote quelque chose de grand, de difficile, de magnifique et d’enthousiasmant à « faire vivre » ou à « vivre ensemble ».
L’intention collective est probablement une des phases les plus difficiles et une des phases les plus nobles dans la vie d’une organisation, d´une entreprise ou d´une tribu. En effet, cette intention collective doit parfaitement bien coller à la peau de la tribu et de son manager. Cette intention c’est souvent une image plus que des mots ou des chiffres. Elle doit donc être conçue comme un véhicule pédagogique pour faire comprendre à quiconque, l’aventure spécifique que veut vivre la tribu et son manager. Cette intention, c’est comme si c’était le mot de passe ou la signature de la tribu !
L´intention collective c´est ce qui donne un sens à l´aventure collective
Comme son nom l’indique, la notion d’intention collective se place au-delà des intentions individuelles dont elle est, en somme, le plus petit commun dénominateur. Pour qu’il y ait un affect entre l’intention individuelle de chacun et l’intention collective de la tribu, il faut qu’il y ait convergence et cohérence des décisions et des actions individuelles avec l’intention collective. Chacun des membres de la tribu a ses propres intentions personnelles qui ne regardent que lui, c’est évident. Mais au-delà , il est indispensable de savoir et d’exprimer clairement ce qui rassemble les membres de la tribu, ce qui définit le sens de leur aventure commune. Plus cette clarté sera grande, plus la tribu sera cohérente, consistante et forte par « contagion d’enthousiasme ». L’intention collective, c’est ce qui donne un sens, une noblesse et une âme à la tribu. Sans cela, la tribu n’est plus qu’une machine à fric où chacun vient peut-être gagner sa vie, mais pas la construire.
L´intention collective c´est ce qui donne de la noblesse au métier de l´entreprise de demain
A titre d’exemple, une intention collective minimale doit être de maîtriser parfaitement les gestes gagnants de son métier (c’est-à -dire l’ensemble du savoir-faire différenciant et producteur de la valeur ajoutée) de la tribu avec la ferme intention de faire constamment évoluer ces gestes vers plus d’excellence et de pertinence. S’il veut se démarquer et se différencier, le manager de tribu postmoderne doit aller le plus loin possible dans la spécification de l´intention collective commune. Lorsque ce travail n’est pas fait, il n’y a qu’une juxtaposition d’intentions personnelles, plus ou moins convergentes, mais il n’y a pas de tribu cohérente et consistante.
Pour rentrer dans le management postmoderne, un choix est à faire : Soit le manager de tribu prend le risque de divergences grandissantes entre les intentions individuelles par absence ou faiblesse d’intention commune claire, soit il prend le risque de mettre la question de l’intention collective sur le tapis quitte à voir certains membres de sa tribu se désolidariser de l’intention commune. Dans les deux cas, le risque est important et se ramène, en somme, à un risque d’éventuel éclatement (immédiat ou différé) d’une partie de la tribu.
A partir du moment où dans tous les cas de figure ce risque existe, autant expliciter clairement et rapidement son intention pour faire respecter sa signature plutôt que de tourner autour du pot et bafouer son âme. C’est ca aussi l’époque postmoderne : S’assumer et assumer ses convictions et ses croyances pour être (enfin?) libre et responsable.