L’emploi des compétences : un sujet de co-agitation
L’expérience de la co-agitation
Le Workshop du 22 Juillet dernier, intitulé « ramène ta compétence », a été un moment dense et intense animé par 25 agitateurs en co-agitation ! Ce workshop, réunissant des professionnels iconoclastes venus de tout horizon, est venu bousculer le paradigme usé et vieillissant de notre marché actuel de l’emploi! Deux heures d’effervescence ont fait émerger 3 agitations collectives potentiellement structurantes pour l’emploi des compétences :
Agitation 1 : la compétence devient une clé d’entrée à toute forme de collaboration. Tout ce qui sera entrepris pour donner de la valeur d’usage à sa compétence démultipliera les chances de réussite des projets de tous et de chacun.
Agitation 2 : Faire coïncider localement l’offre et la demande en matière de compétence parait aujourd’hui une solution pour redynamiser des bassins d’emploi et réconcilier performance économique et bien être local !
Agitation 3 : Sur le marché de l’emploi de demain, chaque individu deviendra une passerelle, un acteur ou un médiateur pour permettre aux compétences de se structurer en réseaux partageant une valeur commune : l’importance de donner avant de recevoir afin de faire évoluer, entre professionnalisme et solidarité, la valeur d’usage des savoir-faire.
De l’agitation à l’identification de tendances
L’Effervescence des agitateurs de ce workshop a également permis de faire émerger quelques Tendances futures du marché de l’emploi de demain :
1ère tendance : un passage progressif du statut à l’individu. Depuis trop longtemps, le marché de l’emploi est structuré (voir clivé ?) par les statuts en occultant l’individu et ses compétences. Pour les emplois de demain, l’élément structurant sera plutôt la compétence remettant ainsi l’individu au cœur de la performance des organisations.
2ème tendance : un passage de la durée à l’intensité. Miser sur la durée et miser sur l’intensité requièrent des leviers tout à fait différents, voire opposés pour le marché de l’emploi, mais complémentaires pour l’individu cherchant à s’accomplir dans un équilibre entre durée et intensité. C’est pour favoriser un tel équilibre que nos agitateurs misent sur un avenir dans lequel les compétences circulent avec agilité et réactivité au niveau local pour faire instantanément coïncider l’offre et la demande sur un territoire économique donné.
3ème tendance : un passage des injonctions aux interactions. Le marché de l’emploi est encore construit sur des relations hiérarchiques basées sur des injonctions. Trop souvent, la précarité des emplois proposés rend cette logique d’injonctions stérile. Nos agitateurs font judicieusement remarquer que de belles dynamiques d’entreprises ont été construites sur des interactions réelles qui transforment « le contrat de travail » (relation très mécanique et contractuelle basé sur un statut) en « pacte de travail» (relation beaucoup plus biologique entre personnes possédant des compétences complémentaires).
4ème tendance : un passage de la notion d’ « enjeu » à la notion de « jeu ». A travers cette invitation à co-agiter ensemble, nos agitateurs ont démontré l’envie de s’amuser, de parier et de jouer avec et sur la valeur travail ! Le jeu, à travers la mise en réseau de compétences locales, va-t-il devenir un nouveau levier de motivation pour le marché de l’emploi de demain ? Une chose est certaine : pendant plus de deux heures chaque agitateur a laissé de côté ses enjeux personnels pour faire place au jeu collectif.
5ème tendance : un passage progressif du singulier au pluriel. Dans le monde d’avant, on aimait modéliser les gens pour les classer par type, catégorie ou profil. Sur le marché de l’emploi de demain, nos agitateurs formulent le vœu que chacun révèle son singulier-pluriel en devenant simultanément ou alternativement offreur, demandeur, recommandeur ou médiateur de compétences pour un projet professionnel donné.
Tendance et Effervescence selon MPM
A travers cet exercice de co-agitation, MPM esquisse 5 leviers pour repenser et ré-enchanter le marché de l’emploi des compétences :
1er levier : L’ARTISANALISATION : L’ « artisanalisation » du travail permet de concevoir sa vie professionnelle, non pas comme une épreuve à porter, mais comme une œuvre à accomplir. Remettre la compétence comme élément moteur de toute collaboration permet de réconcilier et de faire converger vocation et mission. Cette réconciliation permet à chacun de retrouver une utilité et une noblesse dans son action sociétale.
2ème levier ; LE LÂCHER PRISE : La lourdeur et l’inefficacité du marché de l’emploi d’aujourd’hui découragent et accablent certains. Comment me libérer de mes enjeux ? Peut-être que me reliant au projet des autres incitera à la réversibilité vertueuse des collaborations et au lâcher prise individuel.
3ème levier : L’INTELLIGENCE COLLECTIVE : Le marché de l’emploi d’hier a parié et misé sur des intelligences individuelles. Le marché de l’emploi de demain pariera et misera sur une intelligence collective. Le monde d’avant nous imposait des défis individuels. Le monde de demain nous imposera des défis collectifs et la mise en réseau des compétences locales sera un des outils pour répondre à cette exigence !
4ème levier : LE SINGULIER PLURIEL. La singularisation c’est ce qui nous rend unique et utile ! L’ère des collaborateurs robotisés et standardisés est révolue. L’avenir est au sur-mesure, voire même, à la haute couture. Nous devons apprendre à préférer l’engagement à l’obéissance. Et c’est la singularité de nos compétences qui nous aidera à franchir ce pas très libérateur. Selon nos agitateurs, toute initiative, formation, action ou collaboration venant faciliter, renforcer ou encore favoriser la singularisation de nos compétences sera d’une aide précieuse pour nous tous à l’avenir.
5ème levier : LA VALEUR D’USAGE. L’industrialisation du marché du travail a conduit à une banalisation des compétences et des savoir-faire au profit des statuts et des process. Les excès de cette démarche ont favorisé la « valeur marchande » au détriment de la valeur d’usage. Autrement dit, nous passerons de la question « quel est mon poste ? » aux questions « quelles sont mes compétences, quelle valeur d’usage ont-elles et pour quel écosystème? » Chacun reconnaitra ici l’émergence d’une économie circulaire des compétences locales.
L’avenir sera fait de ce qui se construit aujourd’hui!
Merci et bravo à nos agitateurs ! Il est trop tôt pour dire à quoi ressemblera précisément le marché de l’emploi de demain. Une chose est certaine : Nous devrons inventer des outils pratiques pour refaire coïncider l’offre et la demande en terme de compétence car c’est de cette rencontre que naitra des collaborations fécondes, utiles et épanouissantes ! Et si, vous tentiez vous aussi l’expérience de l’agitation collective pour repenser le marché de l’emploi de demain ?