#Digital : Je t’aime moi non plus !
Le digital est une béquille pas une échasse !
Les femmes et les hommes qui réussiront à survivre au profond changement de paradigme socio-économique qui se déroule sous nos yeux seront celles et ceux capables d’AGIR et d’APPRENDRE en même temps avec ou sans le digital c’est-à-dire avec ou sans béquilles ! Trois pistes d’action peuvent aider, chacun de nous, à développer cette capacité d’agir et d’apprendre en même temps avec ou sans artifices technologiques ou numériques :
Piste 1 : Agir sans attendre de tout maitriser.
L’ère moderne dans sa folle prétention de vouloir tout maitriser, planifiait, contrôlait et normalisait tout et parfois même son contraire. Les plans étaient devenus plus importants que les talents. L’ère postmoderne qui s’ouvre devant nous revalorisera l’initiative, le flair, l’expérience et rendra les plans et les normes ringards.
Piste 2 : Savoir réhabiliter l’erreur.
Le risque « zéro » et le principe de précaution imposés par l’ère moderne sont absurdes et déconnectés du réel. L’ère postmoderne réhabilitera le modèle « artisanal » qui fait de la prise de risque et de l’erreur, des facteurs de responsabilisation, d’autonomie et de créativité.
Piste 3 : Préférer l’engagement à l’obéissance
Le modèle industriel a voulu mettre les salariés au pas. Il a réussi à obtenir leur obéissance mais pas leur engagement. A l’inverse, l’homme de l’après-modernité préfèrera l’engagement à l’obéissance. Le corollaire sera une diminution drastique du statut de salarié et une montée en puissance de entrepreneuriat et des communautés de travail.
Le digital ne décuple pas l’intelligence collective, il ne fait que la relayer et la diffuser !
Ces trois pistes d’action indiquent trois états d’esprit afin que toutes nos entreprises (dans tous les sens du terme) redeviennent des projets de passion et d’aventure humaine. Pour se propager dans le temps et l’espace, un état d’esprit doit toujours utiliser un véhicule. Le véhicule de l’après-modernité sera la Toile ou, plus exactement, la Toile et toutes les nouvelles technologies qui l’accompagnent (réseaux sociaux, forums, blogs, etc…). La Toile nous met tous en demeure de réinventer le temps et l’espace. Mais, si ces nouvelles technologies peuvent être des merveilles, force est de constater que la bêtise humaine est déjà en train de les saccager et de les polluer. Certains, dans un élan d’euphorie, comptaient sur la Toile pour décupler l’intelligence collective, pour accélérer la créativité humaine et pour démocratiser la connaissance. Cet optimisme béat oubliait trop vite qu’une technologie, quelle qu’elle soit, est totalement dépendante de ce que l’on en fait et ne prend de la valeur que par l’intelligence qu’on y injecte. Et là, le bât blesse. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication se sont démocratisées, et la médiocrité les gagne. Le divertissement, les vulgarités et le mercantilisme ont envahi la Toile et monopolisent déjà bien des forums, blogs et sites.
Le digital a aboli le temps et l’espace. A nous maintenant de réaménager ce nouvel espace-temps !
Les réseaux sociaux ont incontestablement redimensionné les rapports humains en abolissant le temps et l’espace. Fort de ces nouveaux possibles, formulons le vœu que les nouvelles technologies nous aide à réaménager à notre tour un nouvel espace-temps si possible à notre profit ! Si le digital et l’Homme parviennent à interagir intelligemment, l’après-modernité décloisonnera. Il décloisonnera d’abord le personnel et le professionnel. Cette nouvelle reliance se traduira par une montée en puissance du télétravail. Ce qui comptera dans les années à venir c’est ce qui sera fait et non plus où et quand cela est fait. Cette montée en puissance du télétravail sera à l’origine d’un réaménagement important du territoire en déconnectant le rapport entre la localisation personnelle et professionnelle, avec à la clé des gains importants en qualité de vie. Le « floutage » des frontières entre personnel et professionnel sera également à l’origine d’une montée en puissance du troc des compétences. Cette libre circulation des compétences imposera, après le BtoB ou le BtoC, un modèle économique HtoH ! Ce nouveau modèle économique sera celui de la disparition des intermédiaires entre producteurs et consommateurs de compétences ! Cette désintermédiation permettra à chacun, à partir de plateforme numérique et communautaire, de rapprocher l’offre et la demande des compétences sur un territoire économique donné en se réappropriant au passage la valeur d’usage de ses compétences !
Le digital et l’intelligence humaine fusionneront pour définir des lieux qui créent du lien !
Aujourd’hui encore, lieu et lien au travail sont très cloisonnés. Le contrat de travail prévoit un lieu de travail précis mais ne prévoit aucun lien précis entre les personnes à l’exception des liens hiérarchiques. Le cloisonnement personnel-professionnel en est une des causes. Demain, le besoin presque irrésistible de donner du sens à son lieu et à son espace de travail passera par une convergence réelle des intentions entre les individus et leurs entreprises. Dit autrement, les entreprises deviendront de plus en plus des tribus et des communautés dans lesquelles le lieu fera lien. Ce lieu qui fera lien sera à la base d’une reconfiguration radicale des espaces de travail et une reconfiguration importante des temps de travail à la discrétion de chaque tribu et de chaque communauté. Ce lieu qui fera lien sera bien évidemment à l’origine d’un sentiment d’appartenance fort qui transformera notre vision rationnelle et contractuelle du travail, en une vision plus émotionnelle et relationnelle. Pour le dire autrement, le lieu qui fera lien transformera le contrat de travail en pacte de travail.
Le digital accélèrera aussi les transformations des enjeux en jeux !
Les décloisonnements très libérateurs entre personnel et professionnel et entre lieu et lien accélèreront le décloisonnement entre jeu et enjeu ou entre travail et loisirs avec l’idée que l’on fait plus vite, plus fort et mieux ce que l’on aime faire avec des gens que l’on apprécie dans des lieux choisis et construits. Le ludique sur le lieu de travail recrée du sens et du lien, et combat la force et l’ennui de la machine (ordinateurs et autres). Décloisonner le travail et les loisirs c’est créer un trait d’union entre l’efficacité et l’ambiance. Les espaces et les temps de jeu et de loisirs au travail deviennent donc des éléments essentiels pour transformer un contrat de travail en pacte de travail.
Le digital d’aujourd’hui nous fait vivre les uns sur les autres. Celui de demain nous fera vivre les uns AVEC les autres !
Décloisonner le professionnel et le personnel, le lieu et le lien et le travail et le jeu seraient trois formidables ressorts pour l’humanité de demain. Jusqu’ici, nous vivions par assemblage mécanique et rationnel. Facebook et consorts ont essayé de nous faire croire que, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, nous pouvions tous rentrer en contact sans frais, sans fatigue, sans risque et sans promiscuité. Évidemment, il n’en est rien. Cette version médiocre des nouvelles technologies continue de nous faire vivre les uns à côté des autres ou les uns sur les autres sans être vraiment les uns AVEC les autres. Les nouvelles technologies de la postmodernité devront être au service de notre accomplissement pour être et devenir réellement utiles. Cela implique leurs segmentations d’abord, leur spécialisation ensuite. Alors et alors seulement, il en résultera un nouvel art de vivre. Un art de vivre fait qui nous réunira par vocation, par passion ou encore par intention pour servir et entretenir ce qui nous entoure et nous fait réellement vivre et vibrer !