Hardware et software du manager postmoderne
Le disque dur du management est en train de muter !
La raison a largement influencé le management moderne. Le management moderne voulait tout expliquer, tout rationaliser, tout standardiser, tout homogénéiser, tout centraliser : les comportements, les techniques, les processus, les normes…etc. Mais, dorénavant, la raison arrive à saturation chez nos collaborateurs et la passion, les pulsions et les émotions pointent le bout de leur nez pour le meilleur comme pour le pire ! Le tout raisonnable ennuie ou agace. La demande de sensation est à la hausse. Aujourd’hui, on est plus« fan de », que » froidement pour « ou » froidement contre « . On a « plus envie de » que « besoin de »…On préfère « avoir le sentiment que », plutôt que « d’avoir l’argument pour». Bref, le collaborateur moderne raisonnable et obéissant se mue de plus en plus fréquemment en acteur postmoderne sensible et engagé. Ce nouvel acteur postmoderne préfère vibrer et résonner au gré de ses passions et de ses pulsions plutôt que de raisonner au gré des situations ! C’est un constat et une réalité qui implique une mutation de l’art managérial. La mission essentielle du manager postmoderne ne sera plus de commander, d’ordonner ou de contrôler pour atteindre des objectifs de plus en plus spéculatifs et aléatoires, mais de stimuler, d’améliorer, de favoriser et de faciliter une progression vers une destination à travers :
- UNE INTENTION : L’intention est le voyage qu’un manager fait vivre à son équipe pour progresser vers une destination fixée.
- UNE EXPRESSION : L’expression est la signature, la valeur ajoutée du manager
- UNE ACTION : L’action est l’ensemble des savoirs, savoir-faire et savoir-être cultivés par le manager au sein de son équipe
- UNE DOTATION : La dotation est l’ensemble des moyens matériels apportés par le manager à son équipe
- UNE RELATION : La relation est le type de liens et le type d’ambiance instillés par le manager au sein de son équipe
- UNE ORGANISATION :L’organisation d’un manager est les processus clés mis en place par ce manager pour piloter son équipe.
Si le hardware d’un manager peut toujours être défini à partir des 6 dimensions décrites ci-dessus, ce qui fait la différence d’un manager à l’autre, c’est l’association hardware-software ! Le management est une affaire d’époque ! Associons donc pour chacune des dimensions du hardware décrites ci-dessus, le software adéquat, pour permettre l’émergence d’un art managérial résonnant avec les nouveaux leviers de motivations de l’époque postmoderne !
L’intention => A l’ère postmoderne, elle doit être tout en Noblesse…
Avec une forte capacité de séduction. C’est ce que l’on pourrait appeler la « magification » c’est-à-dire la capacité de transmettre une vision sublimée de la mission ou du métier. Du sens, encore du sens, toujours du sens. Pour transmettre cette vision sublimée, il est nécessaire de faire converger Mission et Vocation. C’est cette convergence entre vocation de l’individu et mission proposée qui crée une résonance entre les individus et l’intention. C’est aussi à partir de cette résonance que nait la noblesse et la cohérence de l’intention. La vocation s’oppose à l’illusion. Faire converger Vocation et Mission donne un sens et une orientation à la progression et à l’action. Quand on est dans sa vocation ont fait des efforts (on se dépasse, on se transcende) sans souffrir (c’est-à-dire se briser, se détruire, s’épuiser ou se torturer).
L’expression => A l’ère postmoderne, son unité de mesure doit être la Fécondité
Dans une ère post moderne ou rien n’est encore écrit, le moteur principal de la performance sera certainement la capacité de créer, d’imaginer ou encore d’innover. L’unité de mesure de cette capacité de création est donc la Fécondité: En pratique, la fécondité est la capacité à faire produire des actes, des pensées et des comportements exclusivement au service de l’intention collective pour faire émerger une équipe toujours plus consistante. La fécondité c’est la capacité à identifier les gestes clés et actions rentables et à focaliser les énergies sur ces gestes et sur ces actions. En ce sens, la fécondité est une forme de « concentration » des gestes et des actions pour faire progresser l’intention. Être toujours plus consistant permet de réveiller les indolents que rien ne touchent, les paresseux que rien ne bougent, les nonchalants que rien ne motivent et les mollassons que rien ne forgent. La fécondité sera une des plus belles signatures du manager postmoderne. En conséquence, la fécondité sera également une des valeurs ajoutée les plus recherchées chez les mangers de demain.
L’action => A l’ère postmoderne, elle doit viser l’Excellence
Tous les savoirs, savoir-faire et savoir-être cultivés par un manager dans l’ère postmoderne doivent se rapprocher de l’Excellence. En pratique, l’excellence c’est exploiter et explorer tous nos potentiels (notre dedans) et les faire résonner avec toutes les opportunités (notre dehors). Faire résonner notre dedans et notre dehors fait émerger de nouvelles idées en reliant les données, de nouvelles ethiques en reliant les comportements ou de nouveaux réseaux en reliant les hommes et les femmes d’une même tribu. L’excellence ainsi définit est une forme d’ « initiation » car c’est un apprentissage permanent pour développer et maitriser de nouveaux savoirs, savoir-faire ou savoir-être devenant, au-delà des produits et des services proposés, le véritable métier de l’entreprise ou de l’organisation postmoderne.
La dotation=> A l’ère postmoderne, au revoir l’abondance, bonjour la Frugalité
L’ère postmoderne sera caractérisée par une logique de pénurie en particulier une pénurie de moyens matériels. Au revoir l’abondance, bonjour la Frugalité ! Tout le monde devra augmenter son niveau d’autonomie et apprendre à faire mieux avec beaucoup moins. Eratique, le manager postmoderne devra s’entrainer à faire beaucoup plus avec beaucoup s. Cet art de la frugalité fera émerger beaucoup de jouissance pour toutes celles et tous ceux qui réussiront à faire beaucoup avec peu avec à la clé un sentiment d’utilité très réconfortant et très énergisant. Faire mieux avec moins est une forme parmi d’autre de « sacralisation » car faire mieux avec moins va devenir tout simplement vital pour notre survie et notre valeur ajoutée en tant que salarié, consultant ou chef d’entreprise.
La relation => A l’ère postmoderne, elle doit incarner l’Élégance
Après une ère moderne marquée par l’uniformisation et la standardisation du style (le même moule partout et pour tout le monde), la relation à l’ère postmoderne sera résolument tournée vers l’élégance en général et vers l’élégance de l’éthique en particulier. Pour un manager postmoderne, l’Élégance de l’éthique, c’est faire comprendre à ses collaborateurs que liberté et responsabilité fonctionnent en binôme. Ainsi, nous comprenons qu’il ne peut y avoir de responsabilité sans liberté et pas de liberté sans responsabilité. Ce couple liberté-responsabilité marquera profondément l’art du management postmoderne surtout après une ère moderne durant laquelle on a voulu faire croire à certains que l’on pouvait être libre sans être responsable de rien. Pour un manager postmoderne, rendre son collaborateur libre et responsable est une forme de « singularisation » car cela correspond à la capacité de considérer l’autre comme un acteur engagé et une personne autonome.
L’organisation=> l’ère postmoderne sera l’ère de la Simplicité
A l’ère post moderne qui s’ouvre devant nous, à une situation complexe, il faudra répondre par une réponse simple (à ne pas confondre avec une réponse facile). L’ère postmoderne sera l’ère de la Simplicité. Au sens noble du terme, un processus simple est à la fois léger et efficace. En pratique, les processus mis en place par un manager postmoderne devront donc toujours être les plus légers et efficaces possibles afin d’être les moins envahissants et les moins encombrants possibles. On « magnifie » rien, on « sacralise » rien, on « singularise » rien, on « initie » rien quand on est surchargé et encombré par les processus. Faire simple fait aussi émerger plus de spontanéité et de réactivité dans nos actions, dans nos échanges et dans nos comportements. Faire simple est enfin une forme de « ludification » car faire simple, rend les choses plus plaisantes et plus ludiques, ce qui contribue à se focaliser sur le jeu plutôt que sur les enjeux.
« Magnifier » le métier par la noblesse de l’intention,
« Concentrer » son expression sur des gestes et des actions clés pour assurer une plus grande fécondité de la performance,
« Initier » ses collaborateurs à de nouveaux savoirs, savoir-faire et savoir-être pour développer une forme excellence,
« Sacraliser » une frugalité pour apprendre en tout partout à faire + avec moins,
« Singulariser » chacun de ses collaborateurs pour le rendre libre et responsable en instillant une élégance et une éthique dans la relation managériale,
« Ludifier » les processus pour les rendre + simples, + légers et + efficaces,
Voilà les 6 dimensions d’un management résolument postmoderne et susceptible, en toute circonstance, de ré-enchanter une équipe, une personne ou une organisation. Le manager postmoderne sera celui ou celle qui sera capable d’être à la fois hors du commun et vrai(e). S’il veut résonner avec les acteurs de son équipe, qui vivent leur entreprise comme ils vivent leur vie, c’est-à-dire avec raison et imagination, le manager postmoderne devra imaginer le réel ! C’est un vrai et beau voyage à faire vivre à son équipe à condition d’être équiper de la bonne combinaison hardware-software !
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