Qu’est ce qui nous arrive ? Eléments de réponse éclairés par les évènements en cours
En temps de crise, seules la force du bateau et la virtuosité du capitaine comptent
La crise du coronavirus est une véritable radiographie de notre pays en révélant ce qu’il contient de meilleur et de pire, politiquement, économiquement et socialement. On s’en doutait mais maintenant nous en avons la certitude : En temps de crise, les process soigneusement préparés par temps calme ne servent presque à rien et la seule confiance que l’on peut avoir, doit être placée dans la force du bateau et dans la virtuosité de son capitaine. Cette réalité saute aux yeux avec l’histoire de la chloroquine et la dialectique entre l’urgence et la prudence qu’elle suscite. L’autre dialectique mise en lumière par les évènements en cours est celle du pouvoir et de l’autorité. En pleine crise, il apparait en effet que le pouvoir est un statut permettant d’arbitrer (souvent avec prudence) alors que l’autorité est une compétence permettant de fédérer (même dans l’urgence). C’est ainsi que l’on redécouvre, qu’au fond, le vrai pouvoir est celui qui n’a besoin d’aucun process pour être entendu, suivi et respecté. Cela s’appelle (peut-être) faire autorité…
Quand deux choses semblent impossibles, parfois l’une est la solution à l’autre !
Au moins sur l’histoire des masques, force est de constater que les élites (parfois cyniques) préfèrent le pouvoir à la vérité et quand elles s’intéressent à la vérité c’est souvent pour préserver ou redorer son pouvoir. Pouvoir et Vérité ne font jamais bon ménage très longtemps surtout lorsque la pouvoir joue avec la vérité. Prévoir ce n’est pas empêcher. Ce n’est pas parce que vous prévoyez de mourir que cela vous empêche de mourir ! Prévoir c’est juste s’adapter au mieux quand cela arrive. Si nous souhaitons vivre plus paisiblement, il nous faut se re-apprivoiser (au moins un peu) la notion d’incertitude. Accepter une part d’incertitude est certainement le meilleur anxiolytique qu’il soit surtout quand on comprend que même l’impossible peut arriver. D’ailleurs, remarquons au passage que lorsquedeux choses semblent impossibles, souvent l’une des deux choses impossibles est la solution de l’autre. Il y a trois mois, il était impossible qu’un virus nous confine à la maison et que l’hôpital se reforme en profondeur. Aujourd’hui l’un est la solution à l’autre. Encore aujourd’hui, personne ne sait exactement ce qui émergera de ce confinement mais une chose est certaine : La crise du coronavirus montre que c’est la peur qui déclenche la raison et qu’il faut beaucoup de peur pour avoir un peu de raison. C’est ainsi !
Apres la pandémie, la question des ressources sera au centre des débats
L’heure de vérité pour mesurer la vitalité de notre pays s’approche car c’est lorsque tout s’effondre qu’il faut être courageux et vouloir profondément (re)construire (autrement ?). La crise sanitaire d’aujourd’hui vient nous rappeler que les ressources encore disponibles sont un jardin à cultiver et non un réservoir à piller. Apres la pandémie du coronavirus, la question sera : Existe-t-il une autre croissance que celle qui nous fait décroitre sur bien des plans depuis tant d’année ! Quand l’Homme est au service de lui-même (et non de quelque chose qui le dépasse et le transcende), il rentre en compétition avec les autres Hommes. C’est là que les ennuis commencent avec les guerres d’ego, les concurrences sauvages, le nombrilisme….etc. La vie après le coronavirus nous fera peut-être réaliser que pour s’engager nous avons besoin de liens forts, sincères et profonds.Apres la crise actuelle, l’avenir appartiendra donc aux altruistes : Le personnel soignant pour la santé, les producteurs locaux pour l’alimentation, les excellents profs pour l’éducation, les écologistes pour la nature…Il faudra faire la guerre au « travail labeur », non pour que la paresse ou l’oisiveté l’emportent, mais pour que la joie d’un vrai métier, parfaitement assumé et mené, triomphe. On parlera alors moins de pouvoir d’achat et plus du pouvoir d’agir.
Dans le monde d’après, il ne faudra pas penser contre quelque chose mais pour quelque chose
Dans le fond, il y a toujours trois types d’individus. Ceux qui veulent s’occuper des autres. Ceux qui veulent que l’on s’occupe d’eux et enfin ceux qui veulent s’occuper de leurs propres affaires et qu’on les laisse tranquilles. L’équilibre d’une famille, d’une communauté, d’une nation dépend de l’équilibre entre ces trois types d’individus. Une des faiblesses de la société d’aujourd’hui estcette mode de se faire passer pour une victime en construisant sa pensée contre quelqu’un ou quelque chose. Le hic est que le ressentiment n’a jamais réglé aucun problème personnel. Pourtant, notre époque est profondément marqué par la logique du ressentiment. Tout se passe comme si ce n’était plus la vertu ou la dignité de chacun qui permettrait d’exister publiquement, mais plutôt le fait d’être une victime. Une crise, une traversée du désert, un état d’urgence doit nous aider à nous rappeler que si une Nation se définit par une volonté de vivre ensemble et que l’Etat se définit par un monopole de la contrainte sur une zone géographique donnée alors l’Etat-Nation est une contrainte volontaire. La plus acceptable des contraintes volontaires devant nous guider serait que chacun de nous consacre sa vie à faire quelque chose d’unique au service des autres en récompense du talent qu’il a reçu et qui lui permet de faire facilement ce que les autres font difficilement. Avec cette logique, on réconcilierait contrainte et reconnaissance et on ferait donc un grand pas vers une égale reconnaissance de tous.
Pour conclure
Avec le confinement, on comprend encore mieux que le plaisir se consomme, le bonheur se reçoit et la joie se construit. Ils ne doivent donc pas se confondre. En pleine crise, le sentiment d’utilité sociale est crucial pour minimiser l’impact psychologique. Les héros (les professionnels de santé) s’en sortiront mieux que les oubliés (les personnes seules âgées ou les étudiants très touchés). Confinement ou pas, être dans le flou est toujours plus stressant que d’avoir une perspective. Si le sacré est ce pour quoi on est prêt à faire tous les sacrifices, alors la crise du coronavirus nous apprend que la santé est sacré. Il suffira juste de s’en rappeler dans quelques mois pour savoir ce que l’on fera de notre santé préservée. La caractéristique de ce qui est vivant est de se transformer. Espérons que nous montrerons toutes et tous bien vivant lors du déconfinement. Dans un monde devenu très imprévisible, la joie de vivre est encore possible à condition de savoir ce que l’on veut sans savoir forcément où l’on va mais en choisissant soigneusement avec qui on fait un bout de chemin !