Sélectionner une page

La personne postmoderne fera-t-elle redémarrer le projet Humain ?

samedi 25 avril 2015

La personne postmoderne fera-t-elle redémarrer le projet Humain ?

Une fois n’est pas coutume, MPM jette un regard de manager non pas sur la hiérarchi-sation et son changement de paradigme mais sur la hierarchi-nation ou le management des nations sur leur peuple et ses conséquences.

l-87215

Bref coup d’œil dans le rétroviseur :

La croissance et l’endettement des nations et des citoyens ont fabriqué des individus modernes, riches et repus, installés dans un mode de vie plutôt confortable et facile. Malgré l’aspect volontairement provocateur de cette présentation, l’affirmation peut être facilement mesurée, vérifiée et surtout observée. On assiste en effet sur les trente dernières années à une hausse quasi constante du pouvoir d’achat, de l’obésité et du surpoids ainsi que des temps de loisirs et de divertissements. Bien que riche et repu par le biais (dans tous les sens du terme) de la croissance et de l’endettement, l’individu moderne mène une existence triste et vide tout en pillant les ressources matérielles et immatérielles de notre bonne vieille Terre ! On constate en effet une augmentation quasi constante de la consommation d’antidépresseurs et une baisse continue des matières premières non renouvelables à la surface de la Terre. Notre pouvoir d’achat est factuellement en hausse mais il persiste un décalage entre nos pulsions consommatrices ou « consummatrices » et notre pouvoir d’achat réel. C’est cela qui nous rend bêtement tristes et vides ! C’est précisément pour résoudre cette inadéquation perpétuelle entre son pouvoir d’achat et son pouvoir d’agir que l’homme à besoin non pas de croissance durable mais d’enveloppement durable pour exister autrement qu’à travers des billets de banque!

l-87217

Le crépuscule de la société moderne auquel nous assistons se caractérise par l’impossibilité de construire un projet collectif qui rassemble les citoyens sur une vision commune et structurée de l’avenir par faillite de l’intérêt général qui est de moins en moins admis. En effet, l’établissement de règles et de normes à priori se heurte à des résistances de plus en plus fréquentes des différentes castes. La plupart des sujets, autrefois réservés à la sphère privée et/ou autoritaire, passent désormais dans le domaine publique et démocratique à tel point que la loi est devenue le marqueur social de la prise en compte d’un problème donné et précède parfois les mœurs : il devient fréquent, en effet, de faire voter une loi pour quelques cas isolés. C’est précisément pour cela que l’ère postmoderne ne sera plus une société mais plutôt une mosaïque. Les visions, les valeurs, les intentions ont changé d’échelle. Elles ne concernent plus une nation ou une société, elles concernent des tribus. Ce changement d’échelle répond au saut de complexité sans précédent du monde sous la houlette, en particulier, des nouvelles technologies informatiques. Ce mouvement d’indépendance face à la société est une impatience manifeste par rapport aux promesses jamais tenues du « progrès » comme gage de la cohésion sociale. Tout se passe comme si les citoyens criaient : « Si la conséquence du progrès c’est de nous faire consommer des anxiolytiques, alors vivement la société du regret ! »

l-87224Des mutants du « progrès » transforment le paysage de la modernité

En réaction à l’usure sociétale vécue par nos contemporains, des mutants du « progrès » prennent leur destin en main en réfutant la réduction des différences en un modèle de citoyen unique. Sous leur impulsion, l’assimilation, l’intégration et l’homogénéisation saturent et en réaction le système se fragmente. Cette mutation s’accompagne du passage d’un individu moderne individualiste et égocentré à une personne postmoderne aux multi-appartenances plus ou moins éphémères et fluctuantes. La société semble passer de l’adolescence (tous ensemble, tous pareils) à l’âge adulte (unique ensemble en famille) ce qui, au passage, redonne du sens et du souffle au devoir collectif qui s’apprécie dorénavant, non plus par une carte d’identité mais par des liens originels, existentiels ou occasionnels. Socialement, tout se passe comme si les différentes tribus court-circuitaient la nation pour le pire et le meilleur en devenant les briques élémentaires d’une mosaïque très hétérogène prenant racine sur les ruines de la société moderne usée et vermoulue par un contrat social à bout de souffle ! Il suffit de constater la vraie actualité (pas celle des médias officiels mais celle officieuse de la vie réelle) pour s’en rendre compte. Quel paradoxe que le réel devienne officieux alors que l’artificiel et le virtuel sont officiels!

Comment translater notre système de valeur pour agir et servir notre environnement ?

L’équation de notre paradigme socio-économique est dorénavant connu et simple: La taille du garde-manger (ressources disponibles) par rapport au nombre de convives (la démographie) fait que la part de chacun diminuera. Cette proportion est vraie pour l’espace habitable, économique, écologique et politique. Une attitude générale de frugalité et d’intériorité est donc indispensable pour que chacun conserve un espace vital vivable. Il nous faut retrouver le temps, la liberté et la responsabilité d’agir sur notre destin plutôt que de subir cette croissance et cet endettement devenus impossibles et délétères. En tout et partout, il faudra passer d’une logique socio-économique industrielle à une logique socio-économique artisanale! L’entreprise moderne c’était contrat-argent-hiérarchie. L’entreprise postmoderne se sera passion-intelligence-dépassement. Déjà, des initiatives citoyennes dénonçant les pratiques économiques et environnementales (menace de boycott, atteinte à l’image de marque, etc.) réussissent à amener des entreprises à réviser leurs pratiques. Par ses choix de consommation, quotidiens ou ponctuels, chacun peut décider de soutenir des pratiques artisanales et locales qui visent un développement durable sur notre planète et le bien-être de tous ses habitants.

Comment se ré approprier cette part de décision sur le devenir de notre monde?

l-87223

En prônant un retour en force de l’acceptation immanente du destin de chacun, là où la modernité voulait homogénéiser, planifier et domestiquer le chemin de tous. L’homme moderne devait suivre son droit chemin. L’homme postmoderne suivra son sinueux destin et la tribu qui va avec ! A l’époque moderne, l’Homme a fait un pari absurde : vouloir se distinguer selon une norme universelle. L’époque postmoderne qui s’ouvre devant nous sera l’occasion de nous retrouver selon notre propre norme : Celle de la joie de vivre notre destin à l’intérieur de notre tribu. La surconsommation doit cesser. L’endettement doit cesser. Un nouveau modèle économique doit se mettre en place. Voici venu le temps de la décroissance économique et de l’accomplissement personnel. Et puisque nous changeons radicalement de paradigme et de logique socioéconomique force est d’inventer les méthodes, modèles et outils qui devront soutenir ce nouveau paradigme, cette nouvelle logique.

Du contrat social au pacte tribal ou des modalités aux finalités !

La modernité était un projet commun basé sur l’idée de progrès et de libération pour tous. La plupart des individus ressortent de ce modèle enchainés par les dettes et hébétés par le progrès non maitrisé. Nécessairement, notre système de valeur et sa méthodologie doivent évoluer et même radicalement muter car pour la première fois dans l’histoire de l’humanité c’est une question de vie ou de mort pour l’espèce humaine (cf. l’équation mise en lumière plus haut). Bien que plusieurs hypothèses puissent être posées, il semble que le système de valeur postmoderne s’oriente vers un projet tribal basé sur des affects plutôt que sur des idées. Faire circuler des affects plutôt que des idées aide à dés-idéaliser le monde. Cette des-idéalisation dont nous avons besoin pour survivre au-delà de trois ou quatre générations nous aidera à se frayer un chemin entre la doctrine officielle que certains modernes voudraient encore nous inculquer et la réalité du réel (si on peut se permettre cette expression !). Dans un pacte tribal, le lien socio-économique n’est plus sur des modalités répondant à des finalités préétablies (comme cela fut le cas avec le contrat social) mais sur des finalités spécifiques déclinant des modalités adaptées. Dans un projet tribal, il n’y a pas de contrat, il y a un pacte. Ce pacte nous fait vivre ensemble avec densité (forte liaison) et intensité (expérience forte) sans nous étouffer et en nous faisant reprendre le gout de l’intérêt général et de ceux qui nous entourent.

Une équipe de mouton finit toujours par être dirigée par un loup !

A l’ère moderne, on était citoyen d’un état nation qui se servait de nous. Mais une équipe de moutons finit toujours par être dirigé par des loups ! Suite à ce constat, la personne postmoderne deviendra serviteur de son destin en devenant militant de causes qui la dépassent. La crise actuelle est un décalage entre l’interprétation du monde par les élites et l’organisation des gens d’en bas. On est donc passé de la modernité quantifiable et uniforme à une postmodernité indéfinissable, ineffable et disparate. La politique et la morale éclate et le citoyen-sujet est un train de donner naissance à un militant tribal serviteur. Il y a un retour en force du destin car la morale de l’ère moderne nous avait déracinés par soucis (évidemment intéressé) d’égalité, de fraternité et de liberté pour tous. La morale moderne c’était la loi du Père c’est-à-dire l’éradication du Mal par la domination et l’autorité. L’éthique postmoderne sera plutôt la loi du frère. La loi du frère accepte l’imperfection par l’initiation. L’initiation c’est aussi se relier à l’autre, travailler en réseau, s’horizontaliser ce qui bien évidemment déplace les centres et la nature du pouvoir. La circulation des affects par réconciliation du corps et de l’esprit reprend le dessus pour le meilleur et pour le pire : la générosité (les chaines humaines pour telle ou telle cause) et le fanatisme (les bombes humaines ont la même racine ! La morale se raconte. L’éthique se vit. Le lien social se fait donc par les affects et non plus par les idées. D’où le passage des fameuses catégories socio professionnelles (communautés d’idées, de pensées ou d’identités) aux tribus (communautés d’affects, de vocation ou de passion).

MPM ORANGEConclusion du manager postmoderne

Quand il y a saturation idéologique et nous sommes en période de saturation idéologique, le système de valeur se translate. Typiquement, nous assistons à une translation sous forme de réconciliation. Du matériel vers l’immatériel, des chiffres et des lettres vers les symboles et les totems, de l’aplomb au vertige, du travail au jeu, du technique à l’archaïque, de l’enracinement à la pulsion, de la maitrise au risque, du temps à l’espace (ce n’est plus le temps qui crée du lien, c’est l’espace). L’économie moderne (basée sur la croissance et l’endettement) et la philosophie de vie postmoderne (basée sur l’intelligence, la passion et le dépassement) vont devoir divorcer. Pouvoir d’achat ou pouvoir d’agir, il faudra choisir ! La logique industrielle visait le pouvoir d’achat. La logique artisanale et tribale visera le pouvoir d’agir. Le deal est le suivant : moins riche en argent, moins repu en matériel mais en VIE avec une âme, un esprit, un cœur et un corps qui enveloppent et qui servent ce qui est précieux.

Articles conseillés

Quelques lignes de bonheur pour les managers en 2023 et après

C’est un fait, les managers les plus impactants passent plus de temps sur le pour-quoi (finalité ou causalité des choses) que sur le comment (modalités des process ou autres). Cela signe la quête de #sens dont toute motivation se nourrit. Alors pour aimer son job de...

Quelle promesse pour la société de demain ? Business case pour la campagne présidentielle !

Notre recherche de liberté se retrouve (provisoirement) dans une impasse ! Depuis la chute du mur de Berlin, un vent de (soi-disant) liberté souffle sur le monde et ce vent est incarné par le marché d’une part (la liberté économique) et la démocratie d’autre part (la...

Management des organisations : Regard critique sur l’engagement des équipes

En management comme ailleurs, le confort endort ! On le sait tous, le confort est un matelas sur lequel on s’endort alors que la contrainte est souvent  un ressort sur lequel on rebondit. Cette réalité explique que l'intelligence collective s'exprime surtout face aux...

Management, planification et synchronisation : La valse à 3 temps

Plus un système devient complexe et moins il devient prédictible dans le temps. C’est le point commun entre la météo (le temps est de plus en plus incertain) et le management des organisations (prévoir ce qui va se passer dans le temps est de plus en plus difficile)....

Sociologie : Quelques exemples d’évolution des valeurs sociétales

De l’unité à l’unicité : le management de nos vies change de finalité Dans la société, comme dans les entreprises, le polythéisme des valeurs est de plus en plus patent. A l’unité d’hier se substitue en tout et partout l’unicité. Dit autrement, les blocs homogènes se...

Et si nous acceptions enfin l’incertitude !

Nous vivons dans un monde CIA - Complexe, Incertain et Ambigu et c’est pour cela que notre niveau de maitrise devient très relatif. Cette incertitude peut aller jusqu’à la peur : La peur de manquer, la peur de l’étranger, la peur du déclassement, la peur de...

Vers un changement de paradigme des compétences

      Le management des compétences navigue aujourd’hui entre tension et crispation. Le rêve de toute organisation dans une période de changements est de voir une vraie rupture dans la façon de faire et dans la façon d’être de ses collaborateurs. Ce...

Comment bien vieillir malgré tout?

Comment bien vieillir malgré tout ? Regard décalé sur une certaine Sagesse*. Mieux vaut être en travaux plutôt qu’un produit fini ! Voilà une bonne résolution pour bien vieillir. La caractéristique de ce qui est vivant est de se transformer. Le parti pris de la...

Parfums d’été

Parfums d’été Le management, au fond, c’est réaliser des choses extraordinaires à partir de choses ordinaires grâce à des managers à la fois vrais et hors normes. Six parfums composent l’alchimie de ce type de leadership : un parfum de noblesse dans l’intention, un...

Chef, digitalise-moi

Chef, digitalise-moi ! L’Homme est devenu le maillon faible de son espace-temps Le digital est une révolution technologique et un tsunami managérial. Pour la première fois de son histoire, l’homme est en effet devenu le maillon faible de son espace-temps. Ce n’est...

Management des organisations : Réflexion de fond sur le pilotage de la performance

Management des organisations : Réflexion de fond sur le pilotage de la performance En management, comme ailleurs, le problème n'est pas de piloter l’activité à l’aide d’indicateurs clés ou de révolutions technologiques X ou Y. Le vrai problème est de savoir si les...

Peut-on (encore) faire confiance au progrès technologique ?

Peut-on (encore) faire confiance au progrès technologique ? Ce début de XXI siècle est décidément un mélange très tumultueux entre des promesses de progrès inimaginables au XX siècle et des stigmates très persistants du « vieux monde » comme disent certains....

Le management peut-il réinventer l’espace-temps du travail ?

Lieux et liens au travail sont très cloisonnés. Le contrat de travail prévoit un lieu de travail précis mais ne prévoit aucun lien précis entre les personnes sauf des liens hiérarchiques. Le management peut-il réinventer le temps et l’espace économique ?

Dé-chainez-vous !

Dé-chainez-vous, cela fait un bien fou ! La liberté, çà ne se donne pas, ça se gagne… On ne naît pas libre, on n'est pas libre, on le devient et le chemin pour le devenir passe par un difficile et long travail intérieur à mener sur trois voies parallèles : la clarté...

le grand virage des managers

Pourquoi avons-nous besoin de nouveaux managers dans le paradigme en devenir ? La finalité d'une entreprise n'est ni de créer de l'emploi, ni d'enrichir ses actionnaires. La finalité d'une entreprise est de créer de la valeur d'usage et d'enrichir ses savoir-faire....

Management des organisations : Il est temps d’être « politiquement incorrect » !

Management des organisations : Il est temps d’être « politiquement incorrect » ! Technologiquement, on a déjà inventé l’entreprise de demain. Tout le monde peut s’en apercevoir pour le pire et le meilleur. En revanche, humainement parlant, on peine à trouver de...

Sérendipité ou l’art d’avoir de la chance

Sérendipité ou comment saisir les opportunités dans un monde devenu imprévisible ? La sérendipité est un mot à l’histoire singulière. Sur le plan phonétique, il n’a ni le charme ni l’usage commun de son homologue anglais (serendipity). Le sens le plus profond de ce...

Place de l’intuition dans le management des entreprises en période d’incertitude

"Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas". Cette célèbre citation signifie-t-elle un abandon de la raison, une incitation à une irrationalité ou encore plaide-elle pour un antirationalisme ? Non pas tout du tout. Il ne s'agit pas de cela. Il s'agit juste de...

La FéminiTé, une parfaite illustration des années en Té…qui nous attendent

Chacun le constate au quotidien : Le monde devient turbulent, effervescent voire violent. Nous vivons, irrésistiblement et irréversiblement, le passage d’un monde à un autre. Nous vivons aussi, plus ou moins douloureusement, le passage d’une logique à une autre avec à...

Les big data de la motivation

Big data de la motivation La motivation : un bien précieux en période de saturation La plupart des entreprises et des organisations sont confrontées à  un changement de modèle économique. A ces profonds changements, potentiellement déstabilisants pour les...

MPM TV

Abonnez-vous à notre newsletter