A quoi servira une entreprise dans 10 ans ?
Management et entreprise : réussir dans la vie ou réussir sa vie ?
Quand on fait le plein de sa voiture, ce n’est pas à l’essence de décider là où l’on va ! Cette métaphore décrit à merveille l’économie de demain. Dans moins de 10 ans, le profit pour une entreprise ne sera plus une finalité mais un carburant : le carburant nécessaire pour réaliser un « voyage » qui fait sens. Cette mutation économique majeure est déjà en cours et s’explique par la recherche d’une nouvelle boussole économique. Le travail n’étant pas (ou plus ?) une valeur morale, donner du sens à une entreprise est redevenu indispensable pour mobiliser autour d’un projet commun des hommes et des femmes engagés. Cette recherche de sens (et de la boussole qui va avec) correspond à une vraie aspiration de se reprendre en charge. Nous vivons, en effet, très certainement les dernières années du profit à tout prix et de ses nombreuses addictions. Les excès de l’économie financiarisée sont finalement en train de réveiller, chez chacun de nous, une envie presque irrésistible de redevenir ce que l’on est vraiment. Perdre sa vie à essayer de la gagner nous a parfois fait adopter des faux semblants et de vrais stratagèmes. Les limites et les impasses de ce modèle économique nous amène au fond aujourd’hui à préférer réussir sa vie que réussir dans la vie !
Management et entreprise : la raison économique va-t-elle devenir une raison sensible ?
Pris en tenaille par ses collaborateurs en interne et ses clients en externe, l’entreprise de demain aura deux enjeux à la fois ambitieux et réalistes : créer du sens en interne pour attirer et fidéliser les talents et fabriquer de la valeur d’usage dans ses produits et ses services en externe pour attirer et fidéliser ses « fans ». A travers cette perspective, l’entreprise de demain deviendra une « émergence » (un projet éphémère) construisant, pendant un temps, une tribu en interne et une communauté de « fans » en externe. Cette recherche d’une « raison sensible » créera une économie partisane et rajoutera du sens et de l’intelligence à l’aventure économique. Faisons ici le pari que les entreprises de demain inventeront une nouvelle forme de raison économique : une raison à fort pouvoir de séduction, élective et sélective.
Management et entreprise : sans nostalgie ni utopie, les organisations se cherchent une nouvelle idéologie.
En cherchant le « comment » on trouve des solutions, en cherchant le « pourquoi » on trouve des inspirations. C’est ce switch entre modalités et finalités qui expliquera peut être le mieux la grande mutation des entreprises. Pour les organisations postmodernes, la motivation principale ne sera plus d’engraisser ses actionnaires ou d’assurer la sécurité de l’emploi à ses salariés. Le profit et l’emploi ne seront que des conséquences et en particulier la conséquence de projets engagés à fortes valeurs ajoutés. Le vrai patron dans l’entreprise de demain c’est le projet et les valeurs qu’il véhicule, tout le reste n’est que bavardage. Pour passer un vrai pacte avec ses associés, le leader de demain devra se familiariser avec la notion d’intention collective.
Management et entreprise : d’un monde Corporate à un monde en CO ?
L’intention collective sera la raison d’être de l’entreprise de demain. L’intention collective illustre le passage de la culture du « Je » à la culture du « Nous » qui accompagne actuellement le développement de l’économie en Co (Co-création, Co-construction…). Quand on ne sait pas l’on va, il est préférable de savoir ce que l’on veut ! Dit autrement, quand on ne sait pas où l’on va, mieux vaut savoir avec qui on y va et comment on y va : voilà imagé ce qu’est une intention collective. L’entreprise d’hier était un pilier construit par un corporate, parfois solide, souvent statique, toujours pyramidale. L’entreprise de demain sera un flux agile, dynamique, réticulé, construit autour d’une intention collective. En conséquence, nous passerons d’un management de l’overdose (un alignement dans lequel nous devions être tous pareils) à un management de la symbiose (un alignement dans lequel nous serons unique ensemble).
Management et entreprise : La liberté, un effet inattendu du saut de complexité ?
L’homogénéisation et la standardisation, voulu par le modèle industriel pour produire plus et moins cher, nous a réappris une évidence : A force de vouloir être tous pareils, on devient tous interchangeables. L’entreprise de demain réhabilitera donc la différence pour redevenir unique et précieuse. Le saut de complexité que connait notre environnement nous rappelle que plus on grimpe dans l’échelle de la complexité et plus le nombre des possibles est élevé. Paradoxalement, la notion de complexité appelle donc la notion de liberté. Dans les années à venir, ce sera à nous de choisir : à nous de choisir ce qui est possible pour nous en prenant (si possible) en compte les impossibles pour éviter illusions et désillusions. Dans l’entreprise de demain, la liberté de faire des choix et de les assumer sera la condition première de la sagesse. En management, la liberté n’est pas un droit mais une exigence. En management, affirmer sa liberté c’est d’abord et avant tout renoncer à la conformité et assumer ses singularités : intention et liberté, voilà bien la « force tranquille » des entreprises de demain.
Management et entreprise : d’un monde quantitatif à un monde qualitatif ?
Dans les entreprises, comme ailleurs, l’odeur de la meute est en train de changer et un nouveau flair managérial est en train de se développer. La qualité de vie ne se mesure plus aux signes extérieurs de richesses mais plutôt aux sensations intérieures de noblesse. L’union fait la force a-t-on l’habitude de dire et bien l’intention collective viendra donner à cette force, une intensité et une densité capables de créer du lien en interne et du « bien » en externe. A travers l’intention collective, l’entreprise de demain sera une alliance : Une alliance entre un engagement individuel et une promesse collective. Cette image de l’alliance explique qu’une intention ne signifie pas forcément savoir où l’on va exactement mais signifie en revanche savoir comment on veut voyager précisément. Dans l’intention, le voyage est plus important que la destination. Remplacer l’incertitude de la destination par de fortes convictions sur le sens du voyage, voilà peut-être le deal économique proposé par les entreprises postmodernes.
Management et entreprise : entre intégration collective et distinction individuelle ?
L’impitoyable mécanique du modèle économique industriel a construit un paradoxe au fil des années en rassurant à priori (surtout les cadres) et en étouffant à posteriori les forces vives et créatrices de l’entreprise. Saturé de contrôle et de tableaux de bords, le rationnel cède à présent le pas à l’émotionnel : Pour mobiliser une personne ou des équipes, l’important n’est plus d’expliquer ou de démontrer mais de faire participer. Au fond, chacun de nous a besoin à la fois de se distinguer et de s’intégrer pour trouver une certaine harmonie dans son entreprise comme ailleurs. Pour trouver cet équilibre, l’intention collective se formalisera comme un véhicule pédagogique pour faire comprendre à quiconque, l’aventure spécifique que veut vivre l’entreprise et ses associés. Cette intention collective, c’est comme si c’était le mot de passe ou la signature d’une tribu rassemblée autour d’une intention commune.
Management et entreprise : L’intention collective, le vrai métier de l’entreprise de demain ?
Comme son nom l’indique, la notion d’intention collective se place au-delà des intentions individuelles dont elle est, en somme, le dénominateur commun. Pour qu’il y ait un affect entre l’intention individuelle de chacun et l’intention collective de l’entreprise, il faut qu’il y ait convergence et cohérence des décisions et des actions individuelles avec l’intention collective. Chacun des membres de l’entreprise a ses propres intentions personnelles qui ne regardent que lui, c’est évident. Mais au-delà, il est indispensable de savoir et d’exprimer clairement ce qui rassemble les membres de la « tribu », ce qui définit le sens de leur aventure commune. Plus cette clarté sera grande, plus la tribu sera cohérente, consistante et forte par « contagion d’enthousiasme ». L’intention collective, c’est ce qui donne un sens, une noblesse et une âme à la tribu. Sans cela, la tribu n’est plus qu’une machine à fric où chacun vient peut-être gagner sa vie, mais pas la construire.
Management et entreprise : la tribu d’hier, un modèle pour l’entreprise de demain ?
Pour vivre avec passion et enthousiasme ce que l’on fait encore faut-il être fier de ce que l’on fait. Voilà le secret de la qualité de vie dans les entreprises de demain. En management, comme ailleurs, les seuls codes que l’on partage vraiment sont les codes communautaires. Les autres sont de simples conventions ou chartes. Pour rentrer dans le pilotage des outils et des méthodes des organisations de demain, un choix est à faire : Soit le manager de l’entreprise prend le risque de divergences grandissantes entre les intentions individuelles par absence ou faiblesse d’intention commune claire, soit il prend le risque de mettre la question de l’intention collective sur le tapis quitte à voir certains membres de sa tribu se désolidariser de l’intention commune. Dans les deux cas, le risque est important et se ramène, en somme, à un risque d’éventuel éclatement (immédiat ou différé) d’une partie de l’entreprise. A partir du moment où dans tous les cas de figure ce risque existe, autant expliciter clairement et rapidement l’intention collective pour que chacun s’assume et devienne libre et responsable. C’est à prix que l’entreprise de demain fabriquera de la qualité de vie en interne et de la valeur d’usage en externe.