Management d’un nouveau modèle économique : Mise en perspective !
Management d’un nouveau modèle économique : La croissance est morte, vive la croissance !
En économie comme ailleurs, un paradigme est un système de croyances et de postulats qui créent une vision du monde intégrée et unifiée. Cette vision est si convaincante et impérieuse qu’on finit par la confondre avec la réalité même. Le paradigme de l’économie moderne était en l’occurrence fondé sur l’industrialisation, la mondialisation et la financiarisation de la fameuse croissance. Rien n’était trop grand et rien n’était trop cher pour la fabriquer et l’entretenir. Le problème est que tout passe, tout lasse, tout casse. Toute vision économique arrive donc à son niveau de saturation. Pour s’en convaincre, un simple raisonnement de bon sens suffit. En effet, pouvoir d’achat oblige, pour que les consommateurs consomment, il faudrait augmenter les salaires. Mais compétitivité oblige, pour que les travailleurs travaillent, il faudrait baisser les salaires. Or consommateurs = travailleurs donc pour fabriquer de la croissance, il faudrait à la fois baisser et augmenter les salaires ! A l’évidence, notre paradigme économique devient une impasse que nous devrons dépasser et transcender pour inventer autre chose. Dit autrement, toujours plus de croissance est devenu économiquement impossible par deux forces déflationnistes : la réduction de la demande due à la baisse des salaires réels et la hausse de l’offre due à des surcapacités de production. Une autre croissance, plus qualitative et plus immatérielle (donc moins quantitative et moins matérielle), reste à inventer.
Management d’un nouveau modèle économique : les 2 scénarios de base pour demain
Pour amorcer un nouveau raisonnement économique, constatons déjà que la financiarisation de l’économie a posé le problème crucial de l’avenir des travailleurs et donc de l’avenir de la consommation avec deux scénarii de base pour l’avenir : ou bien la finance a déjà trop étouffée l’économie réelle avec un saccage et une dérégulation irréversibles ou bien cette dérégulation, quoique terrible, est encore au moins partiellement réversible. Dans les deux cas, un autre type de croissance est à inventer. Seul l’impératif de rapidité et d’intensité change. Ceux qui disent que l’histoire de l’économie est une succession de cycles entrecoupés et ponctués de dérégulations et d’effondrements ont parfaitement raison. Ce qu’ils oublient de dire, c’est que la cause et la cible numéro un de la présente rupture est une grande illusion. Cette illusion consiste à croire que quand le garde-manger se vide (le travail disparait) et que le nombre de convives augmentent (ceux qui en cherchent sont de plus en plus nombreux), la part de chacun ne peut pas augmenter (offres d’emploi et salaires en hausse). C’est pour rompre avec cette grande illusion que nous devrons nécessairement changer de paradigme économique.
Management d’un nouveau modèle économique : les ruptures de logique à venir
L’analyse des scénarii possibles démontrent clairement que les seules croissances possibles dans les années à venir seront une croissance qualitative (moins mais mieux) et une croissance immatériel (moins de biens mais plus de liens). Ajoutons que ces deux nouvelles croissances sont les seules à être compatibles avec les défis écologiques, climatiques et démographiques à venir si on ne veut pas piller à jamais ce qui nous nourrit : notre Terre. Ainsi posé, le management d’un nouveau modèle économique émergera des ruptures de logique suivantes :
- Le passage d’une économie industrielle de masse à une économie néo-artisanale de niche
- Le passage d’une logique d’abondance (toujours plus) à une logique de frugalité (moins mais mieux)
- Le passage d’une logique de prix (combien ça coute ?) à une logique de valeur (à quoi ça sert ?).
- Le passage d’une logique de productivité (vendre son temps) à une logique de virtuosité (vendre ce que l’on fait de son temps).
- Le passage d’une logique des modalités (comment faire pour faire plus ?) à une logique des finalités (pour quoi faire mieux ?)
- Le passage d’une logique de l’avoir et du paraitre (être les meilleurs du monde) à une logique de l’être et du devenir (être meilleurs pour le monde)
Management d’un nouveau modèle économique : une nouvelle loi de l’offre et de la demande ?
Le fil rouge des différentes ruptures de logique énumérées ci-dessus est bien évidemment le passage d’une logique quantitative à une logique qualitative. Pour devenir effective, ce changement de logique doit s’accompagner d’un changement de loi entre l’offre et la demande. Pour anticiper ce changement, partons du principe que quand on consomme toujours plus (principe de la croissance quantitative), l’offre et la demande s’ajustent par le prix des choses alors que quand on consomme moins mais mieux (principe de la croissance qualitative), l’offre et la demande s’ajustent par la valeur des choses. Cette observation explique qu’en période de mutation économique (comme celle que nous vivons actuellement), prix et valeur peuvent divorcer et changer le paradigme économique. Quand nous consommerons moins (et c’est inéluctable), la quête d’une plus grande valeur d’usage (à quoi ça sert ?) remplacera l’affligeante obsession de la valeur d’échange (Combien ça coute ?). Cette quête de valeur fera que ce n’est plus le fabricant qui vendra mais l’acheteur qui cherchera, demandera et exigera ce qu’il veut sans se laisser intoxiquer par ce qu’il y a. Toutes les techniques de production et de commercialisation seront bouleversées par cette salutaire sélectivité et frugalité.
Management d’un nouveau modèle économique : V = I x P ?
Créer de la valeur plus qu’un prix sera donc le moteur de la transition économique à venir. Pour réaliser cette transition, posons une équation simple : V = I x P (dans laquelle V est la Valeur, I l’Implication et P le Prix). Ainsi, notre implication devient ce facteur multiplicatif capable de conférer à un prix donné un maximum de valeur. Evidemment ceci s’explique. En effet, notre implication permet, à travail égal, de réduire le temps nécessaire à ce travail en décuplant notre énergie et notre volonté. A intelligence égale, notre implication permet aussi de réduire les investissements nécessaires en décuplant notre créativité. Enfin, à ressources égales, notre implication nous permet de faire plus avec moins. En réduisant le temps nécessaire, en diminuant les investissements nécessaires et en permettant de faire plus avec moins, notre implication est au cœur des trois mécanismes conférant à un prix donné une valeur maximale.
Management d’un nouveau modèle économique : Les 3 moteurs de notre implication
Pour maximiser notre implication donc la valeur de chaque bien ou service produit, le management des entreprises de demain se dotera de 3 moteurs plus ou moins puissants
- L’intention collective : C’est le moteur de la valeur éthique de l’organisation. En agissant comme un guide, elle définira ce qui, à chaque décision à prendre, lui fera choisir telle direction plutôt que telle autre. La puissance de ce moteur sera proportionnelle à la noblesse, à la profondeur, à la clarté et à la différenciation des décisions prises.
- La virtuosité : C’est le moteur de la valeur opérationnelle de l’organisation. Cette virtuosité permet à l’organisation de faire avec aisance ce que les concurrents font avec difficultés. C’est bien évidemment ce supplément de talent qui génèrera un supplément de valeur aux yeux du marché.
- La mémoire : C’est le moteur de la valeur holistique de l’organisation. Cette mémoire est indispensable en effet pour que l’organisation se rappelle d’où elle vient et ce qu’elle incarne. Telle une plante qui pousse, la puissance de ce moteur sera proportionnelle à sa capacité de profiter d’un enracinement profond (une intention collective profonde) pour continuer à croitre avec solidité (une profonde volonté) sans ne se renier ni se perdre.
Management d’un nouveau modèle économique : mise en perspective
Nous ne vivons pas une crise économique mais une mutation de la logique économique. Une logique de valeur va progressivement prendre le pas sur une logique des prix. Ce passage sera finalement la conséquence de notre implication collective et individuelle pour faire émerger un nouveau modèle économique, un modèle moins aguichant mais plus impliquant, un modèle aussi moins envahissant mais plus intégrant. Ce modèle nous réunira, soit en tant que producteur soit en tant que consommateur, plus par passion ou vocation pour telle ou telle valeur que par simple raison ou capitulation par rapport à un prix donné.