Du management des autres au management de soi : Quelques ressources pour préparer demain
Coup d’œil dans le rétro : Les 6 piliers du management de l’ère industrielle
Pour penser la nécessaire métamorphose du management à l’aube de ce XXIème siècle, nous devrons revisiter la philosophie même de l’art managérial. En effet, les croyances et les conceptions issues du taylorisme ne fonctionnent plus ou plus que par la force donc de manière transitoire. Pour rappel, le taylorisme est né avec l’ère industrielle. Cette ère a pendant près de 50 ans (1950-2000) structuré la plupart des organisations autour de six piliers fondamentaux reposant sur autant de foi. Ces six piliers sont :
- Le « rationalisme » comme foi dans un management dominé par la raison
- Le « technocratisme » comme foi dans un management dicté par les normes et les process
- Le « mécanicisme » comme foi dans le fait que le management est d’abord un plan à suivre plutôt qu’une recette à élaborer
- Le « centralisme » comme foi dans le fait qu’en concentrant l’intelligence dans un comité de direction on va plus vite et plus loin
- Le « quantitativisme » comme foi dans le fait que seul ce qui se mesure se manage
- Le « financiarisme » comme foi dans le fait que le management a pour finalité de fabriquer de l’argent avec de l’argent (et non avec des savoir-faire maitrisés jusqu’à l’excellence)
Face au déclin, le management industriel passe en mode « acharnement thérapeutique »
Les turbulences, les crises et les débuts de modèles émergents sont les symptômes de la dislocation progressive mais de plus en plus intensive de ce paradigme industriel et de ses piliers fondamentaux. Bien évidemment, comme dans toute période de déclin, on assiste à une résistance acharnée des différents composants du paradigme déliquescent avec des phénomènes exacerbés. Certaines personnes (une minorité) ont des intérêts colossaux dans la défense de ce « capital industriel » et dans son type de management. Cela explique l’« acharnement thérapeutique » auquel nous assistons dans le fonctionnement toujours plus « forcé » de nombreuses organisations. A la racine d’un mal-être au travail, cet acharnement prend la forme du « toujours plus de la même chose » et a pour objectif de maintenir une chape de plomb empêchant d’autres paradigmes, plus novateurs, d’émerger. Une des techniques les plus classiques qu’utilisent les grands dinosaures industriels est tout simplement de racheter les innovations des lémuriens (les représentants de l’ère postindustrielle) en bénéficiant de leur effet masse et de la trésorerie qui avec. Dès le rachat effectué, les dinosaures s’empressent (la plupart du temps) de polluer les lémuriens avec leurs méthodes de gestion inopérantes. Mais ces rachats ne sont pas leur seule parade. En effet, pour se donner l’illusion, encore un temps, que tout est sous contrôle, être bien les dinosaures :
- Se barricadent avec encore plus de « centralisme » et de « technocratisme » au risque de devenir de plus en plus aveugle et de plus en plus surpris par les évènements
- Essaient de survivre avec encore plus de « mécanicisme » et de « quantitativisme » au détriment d’une vraie réflexion organique et qualitative.
- Tentent de se rassurer avec encore plus de « rationalisme » et de « financiarisme » au détriment du développement des savoir-faire métiers et des talents
Sous la chape de plomb, le management de soi s’organise !
Sous cette chape de plomb, on peut soit résister soit s’adapter. Bien évidemment, penser un autre management, nécessite de faire le choix éclairé et assumé de s’adapter à demain plutôt de résister aux croyances d’hier. C’est ainsi qu’une minorité de managers, parfois appelés « créatifs culturels », ont transmis à leur équipe le gout de se libérer plutôt que de se barricader, de se renforcer plutôt que de se déstructurer et de se reconstruire plutôt que de se faire détruire. Se libérer, se renforcer et se reconstruire est à la fois exigeant et libérateur. Les années à venir seront pour tous des années de profondes mutations. Seront-elles des années de transition, de questionnement, de doute, de peur et d’angoisse sous la chape de plomb ou des années déclic, d’envies, de désirs et de nouveaux projets afin de construire un univers de vie et de travail ré-inventé et ré-enchanté ? Rien n’est écrit mais une chose est certaine : Lorsque l’on a la capacité de se libérer, de se renforcer et de se reconstruire, même si des portes se ferment, d’autres s’ouvrent.
Les 5 sagesses du management de soi à cultiver sans modération
Si l’Humain veut rester au centre de l’organisation de sa vie personnelle et professionnelle, son mental doit utiliser toutes les ressources à sa disposition en cultivant au quotidien cinq sagesses salutaires :
Sagesse 1 : Prenez le temps de faire un bilan sur vous-même et inscrivez ensuite les changements nécessaires à vos intérêts personnels et professionnels au programme de vos priorités absolues pour l’année à venir.
Sagesse 2 : Prenez conscience des efforts et des moyens nécessaires pour mener à bien ces changements prioritaires et bénéfiques pour vous. Prenez soin de déminer les foyers de résistance aux changements qui entravent votre volonté et votre route. Commencer toujours votre action de changement en choisissant des points où vous êtes mures pour changer afin d’enclencher une dynamique de succès.
Sagesse 3 : Inscrivez-vous dans la durée !!! Autrement dit, soyez persévérant dans le travail sur votre posture. Coachez sans cesse vos nouvelles mentalités et votre nouvel état d’esprit.
Sagesse 4 : Faites-vous aider par vos proches et/ou votre manager
Sagesse 5 : Agissez pour ne pas subir. Vouloir écouter et entendre ses peurs, ses désirs et ses valeurs en subissant est voué à l’échec.
Du management des autres au management de soi…un pas décisif ?
Malgré quelques vrais progrès à son actif, l’ère industrielle nous a souvent trompé. Voir grand, avec des plaisirs (éphémères) et un bonheur (artificiel) au prix d’une obéissance (plus ou moins forcée) et d’un aveuglement (plus ou moins prononcé), était son concept marketing. L’heure est venue pour un nombre croissant d’entre nous de développer une authentique joie de vivre, qui ne soit ni du plaisir que l’on consomme ni du bonheur que l’on reçoit. Pour ceux-là, un « petit chez soi » va de plus en plus remplacer un grand chez les autres. Quand les aléas de la vie se substituent aux règles de vie (imprévisibilité oblige), accueillir l’incertitude pour la transformer en une sorte de quiétude, n’est plus une option mais une nécessité pour continuer à vivre, à faire des projets ou à rêver quoi qu’il arrive. Loin des illusions de l’ère industrielle mais au plus près de sa vraie vocation, larguer les amarres (parfois hors des sentiers battus) est peut-être la source de cette joie de vivre. Une des croyances les plus importantes pour qualifier le paradigme émergent sous nos yeux sera : Quiconque ne s’accomplira pas, ira en enfer ! A bon entendeur salut, en espérant que chacune et chacun d’entre nous définira avec le plus de justesse possible son type d’accomplissement pour ne pas seulement exister mais vivre pleinement et complètement.