Le réseau c’est le lien « si je veux ! »
Un réseau est souvent un lieu où convergent et interagissent des hommes et des femmes qui se connectent utilement souvent avec audace et ferveur. Evidemment ces caractéristiques séduisent de plus en plus de professionnels talentueux, souvent sclérosés dans des structures trop hiérarchisées à leurs gout. Un système hiérarchique est une organisation qui permet de relier tous les membres d’un ensemble avec un nombre minimal de relations entre eux. Un réseau répond à la question inverse : comment relier tous les membres d’un ensemble avec un nombre maximal de relations entre eux ? Dit autrement, le mode hiérarchique centralise l’intelligence alors que le mode réseau l’a fait circuler. Il y a travail en réseau quand la solidarité est au service de l’autonomie et inversement. En effet, dans une organisation réticuléé, la solidarité renforce l’autonomie (la force collective est au service de l’indépendance de chacun) et l’autonomie renforce la solidarité (le libre engagement de chacun nourrit la force collective). La simple observation de l’évolution des organisations socio-économiques montre que les structures en réseau remplacent petit à petit les structures hiérarchiques car le réseau, comme dirait l’autre, c’est le lien « si je veux ! ». Mais attention, on ne passe pas d’une structure hiérarchique à une structure en réseau sans précaution.
Passage de la hiérarchie au réseau : Attention, prudence recommandée !
Le passage d’une organisation en mode hiérarchique à une organisation en mode réseau ne doit pas être une révolution (faire tout en un seul coup) mais une refondation (faire des choses ponctuelles avec une réactualisation en continue qui préserve la tradition). La pérennité d’une organisation en réseau exige que les trois rôles principaux de la gouvernance (le directeur qui tranche, l’expert qui fait autorité et l’animateur qui transmet enthousiasme et passion) soient séparés sinon c’est le retour à la hiérarchisation ou une dérive vers le gourou et ce à tous les niveaux du réseau (en local comme en central). Le lâcher prise est donc un vrai défi pour le fondateur souvent charismatique de la structure qui a tendance à cumuler les trois rôles. Ce nécessaire lâcher prise explique qu’un fonctionnement en réseau ne se décrète pas mais se construit patiemment et méthodiquement. On ne passe pas d’une organisation pyramidale à une organisation réticuléé par un décret (la brutalité ne sert à rien) mais par un processus et ce processus commence par le fondateur. S’il n’existe pas de recette de cuisine toute faite pour ce processus, certaines balises sont recommandées :
- 1èrebalise : Séparer les trois rôles en trouvant le triumvirat qui va bien,
- 2èmebalise : Mise en place d’une vraie délégation,
- 3èmebalise : Essai avec des projets spécifiques,
- 4èmebalise : Prolifération de la gestion de projet en réseaux à toute l’entreprise
Le travail en réseau a un slogan : Faites le vous-même mais ne le faites pas tout seul !
Les organisations en réseau sont en train de supplanter les organisations hiérarchiques par la force de leur unité, la puissance de leur cohérence et la fluidité de leur évolution. Le travail en réseau pourrait se résumer ainsi : Faites le vous-même mais ne le faites pas tout seul ! A l’évidence, la force d’un réseau réside dans un engagement individuel au service d’une promesse collective. Cette particularité des structures en réseau les aide à combattre les deux pestes pouvant casser le gout du travail, le vide de sens et le trop plein de pression qui va avec… Le réseau, pour prospérer, doit toujours nourrir la clarté de ce qui incarne, la rigueur sur ce qu’il veut et la force de ce qu’il fait. Un réseau est un bon réseau s’il permet un trait d’union entre être soi et être ensemble. Dit autrement, le réseau est un bon canal de gouvernance quand ceux qui sont au-dessus (les hiérarques) ou avant (les anciens) ne sont plus automatiquement légitimes. Si ce mode de fonctionnement est respecté, le réseau permet alors la synchronisation c’est-à-dire la convergence des autonomies au service d’une finalité partagée. A ce titre, le job d’un patron de réseau c’est de transformer les wagons en locomotives c’est à dire la volonté (souvent poussive) en désir (force motrice).
Les 7 mots clés de la charte d’un réseau
Identité : L’identité d’un réseau répond aux questions suivantes : Qui ont est ? Qu’est ce qui nous anime ? Qu’est ce qui nous différencie ? L’identité, c’est l’histoire du réseau, son vécu, sa mémoire, son expérience : c’est ce qui fonde les valeurs, le profil, la perception du réseau.
Vocation : La vocation du réseau répond à la question : Qu’est-ce que l’on fait ensemble ? Qu’est ce qui nous différencie en termes de métier. L’articulation de l’identité et de la vocation incarne généralement la riguer, la clarté et la force du réseau. Attention, dans un réseau solide et pérenne, ce n’est pas le projet du réseau qui est au service de l’égo de son patron mais c’est l’ego du patron qui est au service du projet du reseau
Autonomie (et non indépendance) : Un réseau ce n’est pas une bande de salariés, c’est une bande d’associés. L’objectif du réseau ce n’est pas d’être tous pareils mais d’être unique ensemble ! Dit autrement, le tout doit être bien plus que la somme des parties et chaque partie doit faire émerger un tout unique par interaction (comme dans une bonne mayonnaise)
Subsidiarité : La subsidiarité est un management bottom up et non top down accompagné par le principe de solidarité. Cette notion de subsidiarité laisse l’échelon le plus près de la problématique à résoudre décider en apportant, si besoin une aide.
Fractalité : l’architecture d’une structure en réseau doit viser la plus grande surface possible avec le monde extérieur et les autres (pour la réactivité, la sensibilité, les échanges) avec le minimum de volume en interne (pour éviter les lourdeurs, la bureaucratie, la rigidité).
Prolifération : Le principe du réseau c’est d’essaimer avec une vitesse qui doit être un juste milieu entre vitesse et cohérence (sinon fragilisation de la rigueur, de la clarté et de la force du reseau)
Production de valeur : Dans un réseau, chacun doit être responsable de la production de valeur dans une convergence entre conscience individuelle et conscience collective. Rappelons le, il y a travail en réseau quand l’appartenance collective est au service de l’indépendance de chacun et inversement
Pour conclure : Les 6 avantages et les 3 pièges de la vie en réseau
La raison d’exister d’un réseau est de faire porter un projet par des personnes partageant une identité et des intentions communes et cette raison d’exister implique six avantages et trois pièges !
Les 6 avantages 
- Je partage et cela me profite
- J’incarne mes valeurs
- Je connais ma différence et j’en fais une force pour le collectif
- Je n’ai pas peur de me lancer car je le fais moi-même mais pas tout seul
- Je m’intègre et je me révèle en même temps
- Je me ressource car il est impossible d’être toujours efficace seul
Les 3 pièges
Par définition, un réseau ce n’est pas un nombre mais un lieu qui crée du lien. Mais attention, la diversité n’est pas une finalité mais une donnée. La finalité est de faire de la diversité une unicité c’est-à-dire « devenir unique ensemble » sans tomber dans le piège du « tous pareils ». A partir de là, et pour éviter les trois pièges classiques du réseaux devenant obsolète, il est crucial de savoir répondre aux 3 questions suivantes :
- Comment s’unir sans s’appauvrir ?
- Comment fusionner sans s’effacer ?
- Comment se mélanger sans se dénaturer ?