Sélectionner une page

Le travail et nous : En route vers une nouvelle convergence ?

vendredi 9 février 2018

Le travail et nous : En route vers une nouvelle convergence ?

La faillite des institutions a rejailli sur la valeur travail

Hier les institutions se comportaient comme des empires en faisant des valeurs une question morale. Toutes les institutions visaient, en effet, à édifier une morale à travers des valeurs en attribuant, en fonction de leur vocation, une vertu toute particulière à la sagesse, à l’ordre, au salut, au progrès, à la vérité, à la fidélité, à la sécurité…etc. Mais l’écart croissant entre ce qui était affiché et ce qui était vécu (ou perçu) a fragilisé ces « valeurs institutionnelle » avec tous les rejets que l’on connait aujourd’hui (le fameux dégagisme n’est qu’une forme de ce rejet). Cette faillite plus ou moins importante de nos grandes institutions (Etat, Eglise, Partis politiques, Ecole, Famille..Etc.) a inévitablement rejailli sur les entreprises et la valeur travail. Aujourd’hui travailler ne va plus de soi car perdre sa vie à la gagner ne va plus de soi non plus. Dit autrement, le travail n’est plus aujourd’hui une valeur morale et c’est bien pour cela que le travail doit obligatoirement avoir un sens. A partir de ce constat, il parait bien évident que le métier de manager est confronté soit à une mutation profonde pour faire face à sa nouvelle vocation soit à une inutilité profonde si les managers décident de ne rien changer alors que tout a changé !

Tout ce qui se manage se mesure ! Vraiment ?

Même si les signaux d’une nouvelle ère du management se font de plus en plus fort, rappelons qu’aujourd’hui encore, on a l’habitude de dire que ce qui ne se mesure pas, ne se manage pas. Mais existe-t-il, dans l’art du management, des grandeurs quantifiables qui représentent cet art adéquatement ? Pas si sûr, ce qui laisse à penser qu’il doit exister des choses qui se managent et qui ne se mesurent pas. Le sens est un bon exemple de ces choses qui se managent sans se mesurer. En effet, le sens en entreprise, comme ailleurs, ne passe ni par la taille, ni par la quantité ni par le volume de ce que l’on accumule mais par la dynamique, la qualité et la forme de ce que l’on crée. Le sens de la chenille c’est le papillon et rien de mesurable chez la chenille annonce l’émergence du papillon ! A travers les sauts de complexité de notre environnement, des phénomènes identiques se produisent dans les entreprises. Il est temps de comprendre que nous sommes dans une époque d’émergence et que par définition il n’existe pas de valeur étalon annonçant l’arrivée d’une émergence. Nous pouvons l’affirmer sans trop nous tromper : L’art de manager sera de moins en moins l’art de mesurer et de plus en plus l’art de qualifier. Les tendances à venir seront, en management comme ailleurs, au réveil du qualitatif !

Le management doit oublier (un peu) l’important pour se concentrer sur l’essentiel

Si l’essentiel est ce qui fait sens et que l’important est tout le reste, alors en entreprise aussi, le plus difficile est peut-être d’oublier un peu l’important pour mieux discerner l’essentiel. Demain, en tant que manager, s’occuper de l’accomplissement professionnel de ses collaborateurs ne sera pas une action philanthropique. Le travail peut-il être l’essentiel ? Très rarement ! Le travail peut-il être un moyen au service de l’essentiel ? Certainement et c’est même un excellent moyen de lui donner du sens. Rappelons en effet une évidence : Chacun donne généralement beaucoup pour obtenir l’essentiel ! A ce sujet, notons qu’il est parfois surprenant de constater que les personnes servant un projet sont souvent beaucoup plus épanouies que les personnes bénéficiaires d’un projet. Serait-il finalement plus aisé de donner que de recevoir ? Donner serait-il plus noble que de recevoir ? La question reste ouverte mais une chose est certaine : Le management est réussi quand les collaborateurs, qui ne travaillent pas pour le plaisir, rattache leur travail à quelque chose d’essentiel pour eux. Dit autrement, le management est réussi quand la mission favorise et facilite une cause qui dépasse et transcende notre propre travail !

Management de l’accomplissement : quelques pistes

Pourquoi l’accomplissement sera-t-il un des grands focus du management de demain ? Tout simplement parce que accomplissement, sens et travail sont intimement liés. Pour enclencher ce cercle vertueux, le management doit rassembler et dynamiser (créer une dynamique d’équipe) bien plus que diviser ou numéroter (manager un groupe ou des numéros). En effet, dans un groupe, chacun cherche à faire de son mieux. Dans une équipe chacun cherche à ce que l’autre n’échoue pas. Dans un groupe, chacun cherche à donner des ordres à l’autre. Dans une équipe, chacun cherche à donner du sens à tous. Dans un groupe, le responsable prend sur lui la responsabilité de faire fonctionner le groupe (les autres individus ont tendance à s’en décharger). Dans une équipe, la responsabilité du bon fonctionnement appartient à tous. Le responsable n’est que le moteur de la co-responsabilité. Ajoutons que dans un groupe, le travail du responsable s’articule principalement autour de la coordination (qui fait quoi ?). Dans une équipe, le travail s’articule principalement autour de l’intégration (on est ensemble pour quoi faire ?). Toutes ces différences, entre groupe et équipe, sont essentielles pour mettre en place un management de l’accomplissement et récolter ses vertus. Au fond, le plus profond désir de l’homme est souvent d’être au service d’une cause qui le dépasse et le transcende. Sans cette « cause supérieure » à servir et nourrir, l’humain tombe souvent dans le nombrilisme, l’hédonisme, l’égotisme et tous les travers d’un humanisme vide de sens. En revanche, au service d’une cause, l’individu rend l’équipe plus féconde et l’équipe rend l’individu moins fragile. On se sent alors à la fois distingué et intégré et ces deux sentiments sont les deux mamelles de l’accomplissement de chacun !

En management, l’innovation favorise toujours l’accomplissement !

Quand on parle d’accomplissement, deux combinaisons vont de pair : La première est d’admettre l’échec et de récompenser le succès. La deuxième est de jalouser la réussite et refuser la prise de risque. Evidemment, la première combinaison est plus favorable à l’innovation, aux changements et à l’accomplissement que la deuxième qui souvent rigidifie les systèmes, les entreprises et leur management. De Leonard de Vinci à Florence à Steve Jobs en Californie, l’innovation a toujours été une question d’état d’esprit, de climat et d’atmosphère. Pour redevenir un lieu innovant et épanouissant, l’entreprise de demain pourrait être une alliance entre un engagement individuel et une promesse collective ! Le management deviendrait alors aussi une alliance, c’est-à-dire à l’image d’un mariage, un pacte mené avec tact. Le temps d’une refondation du leadership est venu. Le rôle social de l’entreprise devrait être d’abord et avant tout de favoriser l’initiative individuelle au service d’un projet collectif en se rappelant que l’innovation nécessite toujours de créer un peu de désordre dans l’ordre et un peu de déséquilibre dans l’équilibre. C’est en prenant ces deux risques que les choses bougent, interagissent et se confrontent. Etre un manager, c’est d’abord faire confiance aux autres pour s’assumer et prendre leurs responsabilités. Manager demain sera un choix en faveur de l’humain et de son génie. Contrairement aux idées reçues, accepter de se remettre en cause et faire preuve de confiance en soi vont généralement ensemble ! Alors chers managers, n’hésitez pas à changer de point de vue sur le management avec une confiance renouvelée et renforcée dans l’exercice de votre art.

Articles conseillés

Quelques lignes de bonheur pour les managers en 2023 et après

C’est un fait, les managers les plus impactants passent plus de temps sur le pour-quoi (finalité ou causalité des choses) que sur le comment (modalités des process ou autres). Cela signe la quête de #sens dont toute motivation se nourrit. Alors pour aimer son job de...

Quelle promesse pour la société de demain ? Business case pour la campagne présidentielle !

Notre recherche de liberté se retrouve (provisoirement) dans une impasse ! Depuis la chute du mur de Berlin, un vent de (soi-disant) liberté souffle sur le monde et ce vent est incarné par le marché d’une part (la liberté économique) et la démocratie d’autre part (la...

Management des organisations : Regard critique sur l’engagement des équipes

En management comme ailleurs, le confort endort ! On le sait tous, le confort est un matelas sur lequel on s’endort alors que la contrainte est souvent  un ressort sur lequel on rebondit. Cette réalité explique que l'intelligence collective s'exprime surtout face aux...

Management, planification et synchronisation : La valse à 3 temps

Plus un système devient complexe et moins il devient prédictible dans le temps. C’est le point commun entre la météo (le temps est de plus en plus incertain) et le management des organisations (prévoir ce qui va se passer dans le temps est de plus en plus difficile)....

Sociologie : Quelques exemples d’évolution des valeurs sociétales

De l’unité à l’unicité : le management de nos vies change de finalité Dans la société, comme dans les entreprises, le polythéisme des valeurs est de plus en plus patent. A l’unité d’hier se substitue en tout et partout l’unicité. Dit autrement, les blocs homogènes se...

Et si nous acceptions enfin l’incertitude !

Nous vivons dans un monde CIA - Complexe, Incertain et Ambigu et c’est pour cela que notre niveau de maitrise devient très relatif. Cette incertitude peut aller jusqu’à la peur : La peur de manquer, la peur de l’étranger, la peur du déclassement, la peur de...

Vers un changement de paradigme des compétences

      Le management des compétences navigue aujourd’hui entre tension et crispation. Le rêve de toute organisation dans une période de changements est de voir une vraie rupture dans la façon de faire et dans la façon d’être de ses collaborateurs. Ce...

Comment bien vieillir malgré tout?

Comment bien vieillir malgré tout ? Regard décalé sur une certaine Sagesse*. Mieux vaut être en travaux plutôt qu’un produit fini ! Voilà une bonne résolution pour bien vieillir. La caractéristique de ce qui est vivant est de se transformer. Le parti pris de la...

Parfums d’été

Parfums d’été Le management, au fond, c’est réaliser des choses extraordinaires à partir de choses ordinaires grâce à des managers à la fois vrais et hors normes. Six parfums composent l’alchimie de ce type de leadership : un parfum de noblesse dans l’intention, un...

Chef, digitalise-moi

Chef, digitalise-moi ! L’Homme est devenu le maillon faible de son espace-temps Le digital est une révolution technologique et un tsunami managérial. Pour la première fois de son histoire, l’homme est en effet devenu le maillon faible de son espace-temps. Ce n’est...

Management des organisations : Réflexion de fond sur le pilotage de la performance

Management des organisations : Réflexion de fond sur le pilotage de la performance En management, comme ailleurs, le problème n'est pas de piloter l’activité à l’aide d’indicateurs clés ou de révolutions technologiques X ou Y. Le vrai problème est de savoir si les...

Peut-on (encore) faire confiance au progrès technologique ?

Peut-on (encore) faire confiance au progrès technologique ? Ce début de XXI siècle est décidément un mélange très tumultueux entre des promesses de progrès inimaginables au XX siècle et des stigmates très persistants du « vieux monde » comme disent certains....

Le management peut-il réinventer l’espace-temps du travail ?

Lieux et liens au travail sont très cloisonnés. Le contrat de travail prévoit un lieu de travail précis mais ne prévoit aucun lien précis entre les personnes sauf des liens hiérarchiques. Le management peut-il réinventer le temps et l’espace économique ?

Dé-chainez-vous !

Dé-chainez-vous, cela fait un bien fou ! La liberté, çà ne se donne pas, ça se gagne… On ne naît pas libre, on n'est pas libre, on le devient et le chemin pour le devenir passe par un difficile et long travail intérieur à mener sur trois voies parallèles : la clarté...

le grand virage des managers

Pourquoi avons-nous besoin de nouveaux managers dans le paradigme en devenir ? La finalité d'une entreprise n'est ni de créer de l'emploi, ni d'enrichir ses actionnaires. La finalité d'une entreprise est de créer de la valeur d'usage et d'enrichir ses savoir-faire....

Management des organisations : Il est temps d’être « politiquement incorrect » !

Management des organisations : Il est temps d’être « politiquement incorrect » ! Technologiquement, on a déjà inventé l’entreprise de demain. Tout le monde peut s’en apercevoir pour le pire et le meilleur. En revanche, humainement parlant, on peine à trouver de...

Sérendipité ou l’art d’avoir de la chance

Sérendipité ou comment saisir les opportunités dans un monde devenu imprévisible ? La sérendipité est un mot à l’histoire singulière. Sur le plan phonétique, il n’a ni le charme ni l’usage commun de son homologue anglais (serendipity). Le sens le plus profond de ce...

Place de l’intuition dans le management des entreprises en période d’incertitude

"Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas". Cette célèbre citation signifie-t-elle un abandon de la raison, une incitation à une irrationalité ou encore plaide-elle pour un antirationalisme ? Non pas tout du tout. Il ne s'agit pas de cela. Il s'agit juste de...

La FéminiTé, une parfaite illustration des années en Té…qui nous attendent

Chacun le constate au quotidien : Le monde devient turbulent, effervescent voire violent. Nous vivons, irrésistiblement et irréversiblement, le passage d’un monde à un autre. Nous vivons aussi, plus ou moins douloureusement, le passage d’une logique à une autre avec à...

Les big data de la motivation

Big data de la motivation La motivation : un bien précieux en période de saturation La plupart des entreprises et des organisations sont confrontées à  un changement de modèle économique. A ces profonds changements, potentiellement déstabilisants pour les...

MPM TV

Abonnez-vous à notre newsletter